(Source : Forum des Territoires de la Mission Ecoter | 24.06.19)
Crédit photo : Villes Nevers et Shawinigan

Sommet International de l’Innovation en Villes Médianes (SIIVIM) 2019 : rencontre avec Denis Thuriot et Michel Angers

Les racines de Denis Thuriot sont nervoises. Maire de Nevers depuis 2014, Président de Nevers Agglomération, son attachement à la ville a guidé le déroulement de sa carrière et de son investissement envers les autres. Pour l’édile le développement par l’innovation est un axe partagé pas seulement sur notre territoire national mais sur tous les continents afin de générer des partenariats économiques créateurs de richesses et d’emplois. La réussite du SIIVIM version 2018 a démontré que la Smart City n’est pas réservée qu’aux seules métropoles. Avec l’édition France 2019 et celle de Shawinigan, Denis Thuriot compte bien sur le dynamisme des deux événements pour développer de manière constructive le SIIVIM sur les cinq continents.

Né à Shawinigan, ville du Québec (Canada), Michel Angers est maire de la ville depuis 2009. Très engagé pour la relance économique de son territoire, il est président et porte-parole du Comité de diversification et de développement économique de Shawinigan et du Digihub Shawinigan. Il préside le conseil d’administration de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie. Très attentif à la révolution numérique et à l’innovation, Michel Angers trouve naturel que le SIIVIM soit une passerelle entre Shawinigan et Nevers afin que les territoires médians puissent émerger et se positionner comme des pôles d’innovation incontournables.

Mission Ecoter : On parle de révolution numérique, jusqu’où cette « révolution » peut-elle aller et qu’en attendez-vous ?

Denis Thuriot : Big Data, IA, Territoire Intelligent, voici des thèmes qui ont maintenant fait leur apparition dans la gestion d’une collectivité territoriale. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un événement dédié à l’une de ces thématiques soit organisé. A l’heure où les GAFAM, et Facebook en particulier, sont en train de créer leur monnaie autour de la blockchain, parler de révolution numérique est déjà dépassé, nous devons acter que nous sommes entrés dans une nouvelle ère où les élus doivent se positionner pour le bien-être de leurs concitoyens. Les problématiques d’un élu à l’ère du numérique doivent à mon sens rester les mêmes : amélioration du service public, bien-être des citoyens, attractivité territoriale et développement inclusif d’un territoire qui doit favoriser le développement et l’épanouissement de tous. La « transition » numérique est sans doute même dépassée, nous sommes pleinement dans l’ère numérique qui touche peu ou prou nos métiers, nos modes de vie, la prévention des risques, etc.

Michel Angers : Avant la révolution numérique, l’exode était fortement présent dans les régions du Québec, comme en

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France d’ailleurs. Pour étudier, entreprendre, se cultiver et se divertir, les métropoles semblaient plus attrayantes et représentaient certainement un incontournable face aux villes médianes. Aujourd’hui, à l’ère du développement durable, les choses ont beaucoup changé. Les citadins noyés dans la masse des grandes villes,autant les jeunes familles que les retraités, aspirent à une meilleure qualité de vie, près de la nature et plus paisible. Ils regardent désormais les régions éloignées des grands centres d’un autre œil, et souvent avec envie. La révolution numérique a brisé l’isolement. Bien qu’il reste du travail à faire, le mouvement de changement est bien en marche. Il n’est plus nécessaire de s’exiler dans les grands centres pour se rapprocher de ses clients ou fournisseurs. En effet, une startup peut éclore n’importe où, en autant qu’elle puisse se connecter à un réseau, partager, apprendre et trouver des expertises et des ressources. De ce fait, l’innovation n’a plus de frontières, ni de barrières. De nos jours, la rétention et l’attractivité sont la clé pour assurer le développement de nos villes médianes, qui ont certes tout pour plaire ! Encore faut-il les connaître… La révolution numérique aura donc permis aux villes médianes d’émerger… Il nous reste maintenant à se positionner comme des pôles d’innovation incontournables.

Pourquoi avoir choisi de créer un SIIVIM ?

Michel Angers : Cette initiative est issue de la volonté du maire de Nevers, Denis Thuriot et de moi-même, afin de créer une passerelle entre nos écosystèmes numériques respectifs et de mettre en réseau des villes médianes de partout à travers le monde et leurs entreprises innovantes, pour favoriser leur développement et leurs échanges économiques. Les villes médianes de partout à travers le monde vivent la même réalité et ont l’immense défi de se démarquer en matière d’innovation face aux plus grands centres urbains, tels que Montréal et Québec pour nous. Le SIIViM nous donne une belle opportunité de s’ouvrir à des réalités semblables et complémentaires, tout en offrant à nos entreprises émergentes la possibilité de se familiariser avec les réalités internationales et les opportunités d’affaires qu’elles créent.

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Denis Thuriot : Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, le SIIVIM n’est pas un événement technologique de plus, ni un salon. Comme le dit Michel, il est né d’un échange concret entre l’Agglomération de Nevers, la ville québécoise de Shawinigan et l’organisme IVEO Québec. Il vise à constituer un réseau de co-innovation entre villes médianes, favorisant, par des projets concrets, des échanges économiques entre villes mais aussi leur modernisation et le développement de leurs entreprises. Le SIIVIM, qui est un sommet, est également un espace de réflexion entre élus, à vocation internationale car il permet à des Maires du monde entier de réfléchir et de développer des projets autour de la notion de territoire intelligent. Avec cette idée novatrice, que je défends, de co-construction, de co-développement qui offre une alternative crédible à la simple et pernicieuse concurrence entre territoires. Enfin, la notion d’inclusion est également très importante à mes yeux. J’ai donc souhaité associer les habitants à la construction de ce monde nouveau du Territoire Intelligent qu’ils peuvent ainsi appréhender au travers de démonstrations et d’animations innovantes, ludiques et pédagogiques.

En cette année 2019, quelles sont les spécificités du SIIVIM national et international ?

Michel Angers : La première édition du SIIViM s’est déroulée en novembre 2018, à Nevers en France. Le SIIViM 2018 marquait la première collaboration internationale des villes médianes autour du numérique et de l’innovation. La 2ème édition internationale aura lieu à Shawinigan, au Québec en novembre. Nous avons décidé d’être la première ville canadienne à recevoir ce Sommet international de l’innovation. Nous avons comme objectif de favoriser l’alternance entre les deux continents. C’est en allant à l’extérieur qu’on ouvre nos horizons, qu’on observe les meilleures pratiques. Dans le monde du Numérique, ça va vite et ceux qui font du surplace reculent. Les villes médianes du Québec et de partout à travers le monde ont tout intérêt à voir ce qui se fait ailleurs pour s’en inspirer ! Pour les spécificités du SIIViM édition France, je vais laisser mon collègue Denis Thuriot vous répondre.

Denis Thuriot : Avant de répondre à votre question, je tiens à remercier mon ami Michel Angers d’avoir repris le flambeau en organisant le SIIVIM 2 qui aura lieu, comme vous le savez, à Shawinigan du 13 au 15 novembre prochain. Pour en revenir à l’édition France, nous sommes heureux de compter sur la Mission Ecoter dans le Comité de Pilotage du SIIVIM France, la Mission Ecoter dont je suis devenu Vice-Président cette année. Je suis en parfait accord avec Michel : il ne faut pas se voiler la face, une agglomération ne peut réfléchir seul, il est fondamental de s’appuyer avec un réseau d’experts et d’élus indépendants. La Mission Ecoter engagée dans le Numérique depuis plusieurs années nous permet par-delà notre expertise et celle de nos techniciens de conforter et de co-construire notre stratégie ville intelligente. Pour revenir plus précisément au SIIVIM France, noussommes partis de l’idée que le SIIVIM est amené à se développer, non seulement au Québec mais également en Afrique et sur d’autres continents, et qu’il faut donc maintenir, en France, une dynamique. C’est pourquoi l’Agglomération de Nevers associe dans le comité de pilotage du SIIVIM Edition France, des associations nationales comme Mission Ecoter, mais aussi Villes de France, ADULLACT, Villes Internet. Il s’agit de favoriser des projets concrets pour nos villes médianes et de travailler à constituer des cadres favorisant le travail entre maires, telle que la charte « territoire intelligent » que nous développons, au sein du SIIVIM, avec l’ADULLACT en associant des experts venant du CEREMA, de TACTIS. Il s’agit de bâtir les fondations qui permettront de développer des projets communs entre villes médianes françaises. Les villes médianes structurées en réseau constituent des métropoles numériques à même de garantir le bien-être de leurs habitants et le développement de leurs entreprises.

Messieurs, quelques mots de conclusion :

Nous invitons donc tous vos lecteurs à participer aux deux éditions 2019 du SIIVIM, à Nevers et à Shawinigan, pour co-construire ensemble cette dynamique globale numérique faite de la mosaïque de nos territoires et de leurs richesses.

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