« Covid-19 : les craintes, les peurs des débuts ne généreront pas obligatoirement de nouveaux comportements positifs »
Élu d’une commune de 280 habitants, Marsal (Moselle), Bernard Calcatera ne se considère pas comme un élu « politique », mais plutôt comme un responsable, un serviteur, un « bon à tout faire » un vrai maire rural, qui, après trois mandats, va céder son fauteuil… Rencontre avec un maire, au franc-parler !
Mission Ecoter : Monsieur le Maire, en tant qu’élu du monde rural, comment vivez-vous à titre personnel et en tant que responsable politique la crise sanitaire que nous traversons ?
Bernard Calcatera : Tout d’abord, je vous remercie de me donner « la parole » et de pouvoir m’exprimer sur une situation exceptionnelle tant par sa nature que par sa durée (rien n’est encore fini à ce jour) et où personne ne sait l’avenir qui nous attend… S’il a fallu changer un peu nos modes de contact, la façon de dire les choses, de les appréhender, les besoins, les façons se sont adaptés, mais l’esprit du fond n’a pas évolué. La surprise passée des premières semaines a vite fait face à de pseudos nouvelles routines. L’homme a une formidable capacité d’adaptation, et de négation à la fois ; cela ne va pas toujours dans le bon sens. Les craintes, les peurs des débuts ne généreront pas obligatoirement de nouveaux comportements « positifs ». Mais dans tout cela, j’ai eu l’impression d’être manifestement abandonné. Le peu d’importance qui nous était donné, c’est largement étendu. Cela au travers de messages, d’écrits, de racolages, de toutes sortes avec des ordres et des contre-ordres, de l’information et de la désinformation… De pas grand-chose, nous sommes passés à rien en étant responsables de tout ! Et comme d’habitude, après nous avoir placés au premier rang, il n’a été question que de débrouilles et comment faire tout ce qui était nécessaire pour battre l’ennemi Covid-19 avec rien ou trop peu de moyens. Je ne citerai pour terminer, l’envoi des 63 pages réduites à 54 des consignes à appliquer pour la réouverture des écoles maternelles et élémentaires…
M.E. : De votre point de vue citoyen, quel a été l’apport des nouvelles technologies dans la vie sociale au cours du confinement que nous venons de vivre ?
B.C. : Dans un premier temps, lors des deux premières semaines, le manque de contacts visuels, sensitifs, oraux, tactiles s’est fait gravement ressentir. Le confinement nous a obligé à un éloignement physique de nos proches : enfants, familles, amis, voisins, concitoyens, contacts privés ou professionnels. On a été contraint à une retraite presque punitive, mais aussi utile. Dans un premier temps les nouvelles technologies de contacts, qui utilisent l’internet et tous ses dérivés, nous ont données un semblant de proximité. Il y a aussi tout le temps qui nous était donné ; on a eu l’impression de se reparler de reprendre ou de recréer des liens perdus qui ne semblaient plus avoir d’importance. Et aussi de vivre dans un autre monde, une parenthèse. Mais les sujets abordés, familiaux, professionnels, sérieux, importants, futiles, très souvent anxiogènes… ont fini par lasser. Les contacts technologiques ne sont pas assez naturels. De plusieurs fois par jour, ils sont passés à une fois, puis sont devenus hebdomadaires… Je pense que cela est une « bonne » chose en soi que ces contacts virtuels nous ont appris ou réappris qu’une rencontre « physique » de quelques instants, un bonjour, un sourire, une poignée de main, ne pourront jamais être remplacés par le plus performant des smartphones…