Rencontre avec Olivier Gacquerre, Maire de Béthune (62)

« Dans le cadre de la crise sanitaire et économique, que nous avons traversée, les nouvelles technologies ont bien évidemment tenu un rôle clé et cela a été d’autant plus vrai durant les semaines de confinement ».

Le dynamique Olivier Gacquerre est parti pour un deuxième mandat consécutif à Béthune en remportant en mars dernier le scrutin dès le premier tour ; il vient également d’être élu Président de la Communauté d’Agglomération Béthune-Bruay Artois Lys Romane. Quand on évoque la sortie de la terrible crise sanitaire et économique qui touche notre pays, Olivier Gacquerre croit fermement à la mobilisation générale, à l’esprit d’initiative, au sens du collectif, à la condition que l’État tienne son rôle dans cet effort que les collectivités réalisent. Rencontre avec un fervent défenseur de la mission de service public des territoires.

Mission Ecoter : Monsieur le Maire, la Région Hauts-de-France a été cruellement touchée par le COVID-19, en tant que Maire quel regard portez-vous sur la crise sanitaire que nous traversons?

Olivier Gacquerre : La crise sanitaire que nous venons de traverser est sans précédent. Face aux inquiétudes légitimes de la population, nous avons dû faire preuve d’humanisme et de bienveillance, et être à l’écoute des plus vulnérables d’entre nous, de nos voisins, de notre entourage, de nos amis et de nos familles. Les communes ont rapidement dû s’adapter pour pouvoir assurer leur mission de service public, dont notamment la solidarité et l’entraide. À Béthune, la mobilisation des élus, des agents municipaux, des acteurs associatifs et économiques, et des habitants a ainsi permis l’impulsion de belles initiatives : don de matériel de protection pour l’hôpital et les professions libérales, mise en place d’une plateforme logistique alimentaire avec la collaboration des associations caritatives (plus de 50 tonnes collectées), livraison de colis alimentaires, distribution à domicile de chèques alimentaires, appels de courtoisie auprès des personnes vulnérables, distribution de masques en porte-à-porte… Par ailleurs, cette crise nous aura aussi démontré l’importance de pouvoir compter sur un service public de proximité fort. Sans l’engagement du personnel soignant, mais aussi des forces de l’ordre ou encore des agents territoriaux, nos concitoyens auraient été impactés encore plus durement qu’ils ne l’ont été. Cette crise nous aura permis de renforcer notre capacité à agir collectivement.

M.E. : C’est avec force et courage que les collectivités ont pu surmonter au mieux ce rouleau compresseur qu’est le Covid-19, comment les territoires peuvent-ils être le moteur de la relance économique de notre pays?

O.G. : La crise sanitaire à laquelle le monde est confronté depuis plusieurs mois, et à laquelle nous avons dû faire face à l’échelle de la France et du territoire des Hauts-de-France, a engendré une crise économique majeure. Des dizaines de milliers de commerçants, artisans, entrepreneurs et indépendants ont été contraints de suspendre leur activité durant plusieurs mois et les conditions de leur reprise sont encore complexes. À Béthune, nous avons rapidement pris conscience des difficultés rencontrées par le tissu économique local et il nous a paru important de travailler, dès les premières semaines, sur un plan d’urgence, en sus des dispositifs mis en place par l’État, le Conseil Régional des Hauts-de-France et la Communauté d’Agglomération. Ainsi, avec le Conseil Municipal, nous avons fait le choix de mobiliser une partie de notre budget, 680 000 euros, sur des actions en faveur des commerçants, des TPE et des professions libérales : mise en place d’un fonds d’aide directe, attribution de prêts sur l’honneur, exonération des droits de terrasse pour l’année 2020, reconduction et simplification des dispositifs d’aides à la rénovation des points de vente (Rénov’vitrine) et à l’installation de commerces alimentaires en circuit court, accompagnement des commerçants sur la digitalisation de leurs activités… Pour autant, je pense que nous ne sommes pas arrivés au bout de l’impact économique qu’aura eu la crise sanitaire sur les commerçants et les entreprises. Pour éviter les fermetures et donc la fragilisation de l’emploi, les collectivités territoriales auront encore, dans les prochains mois et années, à accompagner la relance économique et donc à l’intégrer dans leur construction budgétaire. J’espère que l’État jouera son rôle dans cet effort logique que les communes auront à réaliser.

M.E. : Comment envisagez-vous l’après crise et notamment dans l’apport des nouvelles technologies ?

O.G. : Nous l’avons constaté, la crise sanitaire, et plus particulièrement le confinement, a accéléré les transitions engagées. Plus rapidement que nous ne l’avions imaginé, nous avons dû repenser nos modes de vie et de fonctionnement. Dans ce cadre, les nouvelles technologies ont bien évidemment tenu un rôle clé et cela a été d’autant plus vrai durant les semaines de confinement. Les appels vidéo se sont démultipliés, tant dans la sphère privée que professionnelle, des plateformes dédiées à l’entraide ont vu le jour, les réseaux sociaux et les fils d’actualité ont permis d’informer en temps réel la population… Dans les collectivités territoriales, le télétravail, encore balbutiant, est devenu pour beaucoup la norme afin de garantir la continuité du service public. À Béthune, nous avions la chance d’avoir déjà impulsé la dynamique de transformation, notamment au travers de notre démarche Smart City qui vise à transformer notre ville de manière durable, collaborative et innovante. La crise sanitaire a été un accélérateur de cette démarche. Demain, dans la construction de nos projets et de nos politiques publiques, il est certain que nous aurons à aborder les choses avec un nouveau regard.