Florence BRUTUS, Vice-Présidente de la Région Occitanie, est nommée Vice-Présidente de la Mission Ecoter

Territoire en mouvement, territoire d’innovation, territoire de développement numérique, moteur de modernisation, économique et environnemental, la Région Occitanie, présidée par Carole Delga, vient de rejoindre la Mission Ecoter. À cette occasion, la Vice-Présidente de la Région, Florence Brutus, est nommée Vice-Présidente de la Mission Ecoter.

Rencontre avec une élue, énergique, passionnée par son territoire, qui conçoit sa responsabilité politique comme un ferme engagement dans les évolutions sociétales afin de remettre l’Humain au centre de toutes préoccupations et attentions.

Mission Ecoter : Madame la Vice-Présidente, la crise sanitaire provoquée par l’épidémie Covid-19 a contraint les collectivités à s’organiser rapidement. Comment s’est structurée la Région notamment en ce qui concerne la continuité des services et le soutien à la relance économique ?

Florence Brutus : La crise sanitaire a révélé le caractère primordial et stratégique des infrastructures numériques : les outils que sont le télétravail et la visioconférence ont connu un développement très rapide et le mouvement ne va pas s’arrêter. La Région Occitanie a lancé la mise en place du télétravail pour ses agents dès 2019, ce qui nous a permis d’être opérationnel très rapidement quand cette crise sanitaire a frappé le territoire national. Nous avons pu ainsi assurer la continuité du service public.

La crise sanitaire que nous vivons depuis plusieurs mois, engendre aujourd’hui une crise économique qui s’annonce sans précédent. Les chiffres du chômage publiés récemment, nous mettent collectivement face à un défi majeur. Face à ce défi, l’exécutif régional a su prendre ses responsabilités et a su se mobiliser très rapidement pour venir en soutien du monde de la santé, de notre tissu économique, et de nos concitoyens, sur l’ensemble du territoire régional. Nous avons adopté dès le premier trimestre un plan d’urgence sanitaire, économique et solidaire, revue au fil des mois, de près de 370 millions d’euro avec un effet levier de 600 millions d’euro.

Nous avons ainsi déployé des aides, ajustées sur-mesure aux différentes situations, filières et difficultés rencontrées.

Quelques exemples non exhaustifs :

Cela concerne tout d’abord la poursuite de l’équipement sanitaire de notre population en masques en tissu lavables et réutilisables.

Une opération de dons alimentaires « Bien manger pour tous » en faveur des publics en difficulté, et particulièrement les familles de lycéens boursiers.

Nous portons également une responsabilité forte auprès des entreprises et des salariés du territoire régional. La Région a donc adapté ses aides à l’évolution de la crise économique, notamment par la création dans le cadre du fonds de solidarité national d’un nouveau volet exceptionnel en Occitanie au titre des pertes constatées en avril.

Plus, un fonds « L’Occal » dédié aux acteurs du tourisme, aux commerces de proximité et à l’artisanat. Inédit en France par son ampleur et son caractère partenarial, ce fonds de près de 80 M€ abondé par la Région, la Banque des territoires, les 12 Départements et 145 Intercommunalités engagées à nos côtés.

Je peux citer également, les plans régionaux de soutien à l’emploi, à l’aéronautique, à la viticulture, au tourisme… qui sont des secteurs déterminants de notre économie régionale.

« Nous portons également une responsabilité forte auprès des entreprises et des salariés du territoire régional. La Région a donc adapté ses aides à l’évolution de la crise économique, notamment par la création dans le cadre du fonds de solidarité national d’un nouveau volet exceptionnel en Occitanie au titre des pertes constatées en avril. »

M.E. : La Région Occitanie mène une politique très active et volontariste dans le domaine du Numérique. Quel est votre plan Numérique à venir notamment en termes d’équité sociale et territoriale ?

F.B. : Sur cette question, la crise sanitaire a révélé que la fracture numérique a été criante et insupportable. Le confinement que la France a enduré a révélé la réalité de la fracture numérique qui persiste entre territoires (urbains/ruraux) à la fois sur la question des réseaux (infrastructures) mais aussi sur celle des usages. Les habitants des territoires avec une couverture numérique faible ont plus pâti de cette crise et de ses conséquences, en termes de télétravail, de télémédecine, de suivi scolaire, d’accès à l’information, d’accès aux services… La mise à niveau de l’ensemble des territoires est une attente des habitants et s’inscrit dans le principe d’équité. La question de la souveraineté du numérique est un enjeu essentiel. C’est un domaine stratégique.

La Région Occitanie mène une politique très active et volontariste dans le domaine du Numérique, à la fois pour une couverture maximale de nos territoires mais aussi en termes d’usages. La question de l’équité sociale et territoriale est essentielle pour l’exécutif régional et c’est une de nos priorités.

Concernant le développement de la couverture numérique, pour rappel le Plan France THD lancé au printemps 2013, a pour objectifs :

– D’ici 2020, de garantir à tous un accès au bon haut débit (>8 Mbit/s)

– D’ici 2022, de doter tous les territoires d’infrastructures numériques de pointe en donnant accès à tous au très haut débit (>30 Mbit/s), « le bon débit »

– D’ici 2025, de généraliser la fibre optique jusqu’à l’abonné sur l’ensemble du territoire ;

Au niveau régional, notre Plan régional THD voté en mai 2016 pour accompagner les projets départementaux, consacre une enveloppe de 200Millions d’euro répartie sur 12 départements afin d’atteindre le plus rapidement les objectifs précités et ainsi de mettre tous les territoires au même niveau capacitaire.

Ensuite, au niveau des usages, la Région mène de nombreuses actions pour réduire les inégalités entre les individus et les territoires. Je citerai quelques exemples de politiques publiques et d’actions que nous menons, encore une fois de manière non exhaustive.

Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, la Région Occitanie s’est mobilisée pour assurer la continuité pédagogique sur l’ensemble de son territoire, et permettre à chaque lycéen.ne et étudiant.e de poursuivre son cursus scolaire en cours. Afin de concrétiser cette ambition, la Région est venue en aide à celles et ceux qui n’ont pas, faute de moyens, d’ordinateur à leur domicile et ne peuvent accéder aux formations et enseignements en ligne. Nous avons distribué en urgence au début de la crise 1500 ordinateurs portables dans les universités prioritairement aux étudiants boursiers.

A chaque rentrée scolaire nous renouvelons la distribution gratuite de « loRdi » à chaque élève de seconde des lycées publics, désormais tous labellisés « Lycée numérique ».

La Région poursuit son engagement avec l’ouverture de 3 nouveaux campus connectés pour la rentrée 2020 (Saint-Gaudens, Foix et Espalion), qui viennent compléter l’offre des trois sites déjà existants (Cahors, Carcassonne et Le Vigan). Cette nouvelle rentrée connectée fait suite à l’expérimentation initiée en 2019 par la Région en partenariat avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), ainsi que les rectorats, pour favoriser l’accès à un enseignement supérieur de qualité et de proximité sur l’ensemble du territoire. Ces campus connectés offrent les mêmes possibilités que les formations à distance avec comme particularité d’assurer aux étudiants un environnement spécifique : un tiers-lieu de regroupement équipé et en présentiel ainsi qu’un accompagnement de proximité et personnalisé grâce à la présence d’un tuteur.

Puisque j’évoque les tiers-lieux, nous avons également renforcé notre soutien au développement des tiers-lieux sur les territoires via un appel à projet qui vise à soutenir les projets de création ou de développement de tiers-lieux existants. Ces tiers-lieux sont localement porteurs de dynamiques économique et sociale très structurantes et leur essor préfigure celui des nouvelles manières de travailler (télétravail, travailleurs indépendants). Enfin, en contribuant à développer des activités de proximité et à encourager les circuits courts, ces lieux sont des acteurs essentiels de la transition numérique et écologique dans les territoires. C’est pourquoi nous souhaitons les valoriser et les labelliser via nos dispositifs d’accompagnement.

Lancé en mai 2019, l’appel à projet « Avenir Littoral » a vocation à soutenir le développement de solutions innovantes par et pour les acteurs du littoral, afin d’accompagner l’émergence de nouvelles filières économiques maritimes en Occitanie dans le numérique notamment.

Le projet « Littoral + », labellisé « Territoire d’Innovation » en septembre dernier par le Premier ministre, vient également renforcer le volet innovation du Plan Littoral 21. Ce projet a pour objectif de développer de nouveaux modèles répondant concrètement aux enjeux des transitions énergétique et écologique, numérique, démographique et sociale.

Le Pass Rebond Occitanie Tourisme, doté de 5 M€, permet également de soutenir les investissements, les innovations et les dépenses de conseil visant la transition numérique, énergétique et écologique.

Afin d’assurer aux futurs jeunes diplômés des formations adaptées aux besoins des entreprises et aux métiers de demain, la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée est la 1ère Région à avoir créé une Ecole régionale du numérique sous la forme d’un réseau innovant de formations, déployé sur l’ensemble des 13 départements de la région. Ces formations s’adressent aux demandeurs d’emploi possédant un faible niveau de qualification dans un secteur à fort potentiel d’emploi qui compte 16 000 entreprises et plus de 60000 emplois en Occitanie. Depuis la création de l’Ecole régionale du numérique, fin 2015, la Région a ouvert 20 antennes de formation, dans les 13 départements de l’Occitanie.

Enfin, pour aller plus loin et nous tourner vers l’avenir, fort des enseignements de ces derniers mois, nous construisons nos plans de relance et de transformation. Notre objectif : apporter des réponses à court, moyen et long terme. Notre réponse de court terme, elle, a commencé avec les mesures d’urgences adoptées depuis la mi-mars et elle se poursuit avec le Plan de relance pour l’emploi. L’action à moyen et long terme, c’est celle que nous poursuivons avec le Plan de transformation et de développement, notre Green New Deal pour l’Occitanie en réponse aux défis de la relance de l’économie, de la justice sociale et du changement climatique.

La crise sanitaire s’est aujourd’hui muée en crise sociale et économique, d’une ampleur sans équivalent depuis 1945, et qui appelle une réponse forte. Aujourd’hui avec le lancement d’un grand plan de relance pour l’emploi de 211 M€, avec un effet levier de 400 M€, la Région Occitanie vient soutenir les grands secteurs économiques régionaux que sont le tourisme, l’aéronautique, le BTP ou encore la viticulture, pour booster la reprise de l’activité, favoriser l’emploi et lutter contre la précarité.

Le Green New Deal balaye tous les champs d’action de la Région : se nourrir, se loger, se protéger, se déplacer, se former, etc., et se fonde sur l’expertise de tous : experts, élus, institutions représentatives… Il accorde également une large place à la citoyenneté active, via le lancement d’une convention citoyenne pour l’Occitanie dont les propositions seront soumises au vote citoyen.

La question du Numérique y est prégnante car transversale. Les défis auxquels nous devons répondre pour demain dans ce domaine sont simples. Développer un « numérique » responsable, à savoir éthique, sobre et solidaire. Accompagner la transformation digitale des organisations par les emplois et les compétences. Développer les forces et les capacités du territoire pour bâtir la souveraineté numérique de demain.

« Le confinement que la France a enduré a révélé la réalité de la fracture numérique qui persiste entre territoires (urbains/ruraux) à la fois sur la question des réseaux (infrastructures) mais aussi sur celle des usages. »

M.E. : Le Numérique dans les Territoires est dans l’ADN de la Mission Ecoter, vous venez d’en être nommée Vice-Présidente. Comment envisagez-vous cette nouvelle responsabilité ?

F.B. : Tout d’abord une certaine fierté d’avoir été nommée Vice-Présidente de la Mission Ecoter. Et puis vous le savez bien, les Français expriment aujourd’hui leur volonté de retrouver une société plus juste, plus humaine, plus soucieuse du collectif. Depuis des décennies, le mot « crise » a envahi nos vies. Morale, politique, économique, sociale, environnementale. La réponse doit être globale. Et, jamais, sans doute, notre société n’a été plus disposée à envisager un nouveau modèle de développement.

Ce nouveau modèle doit garantir l’équilibre entre la justice sociale et territoriale d’un côté, et la préservation environnementale de l’autre. C’est une nécessité. Notre action collective doit s’appuyer sur les trois valeurs que sont : la proximité, la citoyenneté et la solidarité.

Les grands chantiers que nous devons initiés sont les suivants : maintien des services publics de proximité, mise en œuvre de la République des territoires, renouveau démocratique et refonte de la contractualisation.

Nos territoires, pour se développer, ont besoin des services publics qui constituent la colonne vertébrale de ce pays. Le service public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Nous avons besoin d’investir massivement pour relier les habitants par les voies numériques, ferroviaires, ou routières. Nous avons aussi besoin d’un nouvel acte de décentralisation. Le bon sens voudrait que les collectivités locales s’occupent et gèrent la proximité et le quotidien tandis que l’Etat se concentre sur le régalien. Pour la République des territoires, Il faut responsabiliser les collectivités et non les infantiliser. C’est le cas aussi pour nos concitoyens. La Région Occitanie se veut précurseur en ce domaine, avec notamment la mise en place de budgets participatifs, des parlements de la Montagne et de la Mer. La participation, la concertation sont des manières d’entendre les citoyens pour agir de façon constructive au plus près de leurs besoins. Enfin, le temps de la contractualisation Etat/Région s’ouvre dans les prochains mois. Nous devons mettre un coup d’arrêt à l’empilement des dispositifs. La multiplication des instances de gouvernance, la lourdeur et la complexité des appels à projets, rendent les démarches illisibles, chronophages, insupportables…

Ce pays a plus que jamais besoin de femmes et d’hommes qui s’engagent pour lui, avec détermination et passion. Ce pays a besoin que l’on croit en lui. Parce que la République, ce n’est pas une promesse, un réceptacle de petites ambitions personnelles. C’est le sens d’une vie, le ciment d’un destin collectif. C’est en cela que je m’attache et que j’apporterai ma volonté et mon expérience à la déjà belle histoire de la Mission Ecoter.

« Les grands chantiers que nous devons initiés sont les suivants : maintien des services publics de proximité, mise en œuvre de la République des territoires, renouveau démocratique et refonte de la contractualisation. »