Rencontre avec Michèle LUTZ, Maire de Mulhouse

Ayant succédé en 2017 à Jean Rottner (Président de la Région Grand Est et Vice-Président de la Mission Ecoter), réélue le 28 juin dernier, Michèle Lutz, première femme Maire de Mulhouse, compte bien rester au contact avec les Mulhousiens comme elle le fait, entre autres, depuis le début de la crise sanitaire en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Ambitieuse pour sa ville, Michèle Lutz est une femme de terrain qui n’hésite pas à mettre en avant la solidarité citoyens-élus-numérique afin de dépasser les frontières.

Rencontre avec un édile qui tend à redynamiser son territoire malgré la crise sanitaire qui semble s’installer dans le temps et l’espace.

Mission Ecoter : Madame le Maire, la Ville de Mulhouse est un territoire d’innovation, à ce propos comment les nouvelles technologies permettent-elles de faire face à la crise sanitaire que nous traversons ?

Michèle Lutz : Effectivement, notre ville a placé depuis maintenant une dizaine d’années l’innovation au centre de sa politique jusqu’à en faire une vraie marque pour le territoire. Et à l’arrivée de cette crise, nous avons mesuré l’importance de cet état d’esprit et l’opportunité que fut notamment le virage numérique que les villes ont dû négocier.

L’un des éléments de notre plan de lutte était la relation aux citoyens et celle-ci est passée essentiellement par les réseaux sociaux. Nous avons diffusé ainsi plusieurs directs Facebook depuis mon bureau en Mairie, où j’étais accompagnée par le Docteur Jean Rottner, 1er adjoint de Mulhouse et Président de la Région Grand Est. Ces séquences où nous répondions aux questions que nous faisaient parvenir les Mulhousiens, réunissaient régulièrement entre 800 et 1000 personnes en simultanés. C’était un bon exercice et cette technologie nous a permis une proximité inédite, malgré un confinement généralisé.

Toujours en s’appuyant sur Facebook, nous avons, avec notre service en charge de la communication, mis en place un groupe intitulé « Mulhouse Résiste » qui permettait à chacun de partager des bons plans, des activités, des vidéos, toutes sortes de contenus qui pouvaient intéresser les membres et aider chacun d’entre nous à nous occuper pendant le confinement ou occuper ses enfants. En quelques semaines, ce furent plus de 8000 membres qui rejoignirent ce groupe virtuel.

Outre ces nouveautés misent en place spécialement, nous avons exploité les outils déjà existants comme notre application M+ pour faire circuler de l’information ou encore notre plateforme de la participation citoyenne mulhousecestvous.fr, sur laquelle nous avons renvoyé toutes les initiatives de solidarité spontanées émanant des citoyens, afin de pouvoir les mettre en relation avec les bons interlocuteurs.

Plus en interne, notre administration a réussi à s’adapter en un temps record, du jour au lendemain – littéralement – plusieurs centaines d’agents ont poursuivi leurs missions en télétravail et la continuité du service a été assurée grâce à cela.

Et comme chaque structure, les réunions ont continué, également les réunions sensibles comme celles avec l’ARS ou la Préfecture qui ont pu se faire par visioconférence avec une efficacité à saluer.

Ce lieu est à la fois une fenêtre ouverte sur le monde et un phare qui marque l’emplacement de Mulhouse bien au-delà des murs de la ville et des frontières nationales.

M.E. : En ce qui concerne KM0, le village numérique responsable, dynamique et écologique, dédié à la transformation digitale, vous dites « que c’est un lieu imaginé pour dépasser les frontières » qu’entendez-vous par là ?

M.L. : Tout d’abord, il y a bien-sûr cet aspect qui veut que Mulhouse soit une ville qui s’incarne à l’international. En accompagnant ce projet qui est finalement un pari très osé, nous permettons l’implantation d’un centre de référence autour du numérique. Cela participe à la dynamique générale de notre ville et le nombre de projets que l’on arrive spontanément à raccrocher à KM0 est simplement impressionnant.

Grâce à cela, nous attirons des professionnels du monde entier, des colloques nationaux et internationaux. Et de par la nature de ses activités, KM0, ses équipes et les structures qu’ils hébergent, travaillent immanquablement avec des acteurs du monde entier, le numérique permet aujourd’hui de s’affranchir de n’importe quelle frontière. Ce lieu est à la fois une fenêtre ouverte sur le monde et un phare qui marque l’emplacement de Mulhouse bien au-delà des murs de la ville et des frontières nationales.

Il y a toutes sortes de collectivités qui prennent part à la Mission Ecoter et c’est, selon moi, primordial. Là encore, ce sont des perspectives d’échanges qui s’ouvrent, de confrontation d’idées et de partage d’expérience.

M.E. : La Ville de Mulhouse vient de rejoindre en tant que membre la Mission Ecoter, forte de ses 25 ans d’expérience en termes de nouvelles technologies, qu’en attendez-vous ?

M.L. : Comme vous le dites, son expérience sera son principal atout. Nous avons besoin aujourd’hui de confronter nos points de vue, surtout que nous avons les outils qui le permettent. La Mission Ecoter pourra nous accompagner et apporter une vraie expertise sur des sujets pointus et derrière elle il y a ses collaborateurs sur lesquels nous pourrons nous appuyer. C’est avant tout un réseau reconnu qui va nous aider à tisser des liens avec des partenaires institutionnels ou privés dont nous aurons besoin.

Mulhouse est un membre parmi de nombreux autres et c’est ce maillage aussi auquel nous souhaitions avoir accès. Il y a toutes sortes de collectivités qui prennent part à la Mission Ecoter et c’est, selon moi, primordial. Là encore, ce sont des perspectives d’échanges qui s’ouvrent, de confrontation d’idées et de partage d’expérience.

En cela et dans la mesure où nous souhaitons, à Mulhouse, faire de l’innovation un axe qui s’intègre plus que jamais à l’ensemble de nos politiques, c’était le moment d’adhérer à la Mission Ecoter.