Rencontre avec Émile Roger LOMBERTIE, Maire de Limoges
“Dans tout projet de cette nature, l’analyse des besoins et des usages doit peser tout autant que le choix des infrastructures véhiculant les data”
A la tête de la ville de Limoges, depuis 2014, Émile Roger Lombertie est passionné par son territoire. Rencontre avec un édile qui place l’humain au-dessus de tout !
Mission Ecoter : Monsieur le Maire, l’épidémie de Covid-19 bouleverse nos organisations toutefois elle n’empêche pas les élus locaux de continuer à œuvrer au service de leurs concitoyens, bien au contraire. La Ville de Limoges étant un territoire d’innovation, comment les nouvelles technologies permettent-elles de faire face à la crise sanitaire que nous traversons ?
Émile Roger Lombertie : De l’incertitude nait souvent la complexité. Dans un contexte sanitaire dont on peine encore à entrevoir l’issue, la technologie doit nous aider à simplifier l’information et surtout à diffuser auprès du plus grand nombre. Nos services accueillent actuellement beaucoup de publics pour les démarches administratives, dans les crèches et écoles ou encore dans les EHPAD. Nous œuvrons au quotidien auprès de personnes fragiles ou en grande difficulté. Nous avons donc besoin de rendre accessible quasiment en temps réel, toute information simple, fiable et pragmatique leur permettant d’accéder à nos services.
Le site internet de la Ville est alimenté dans ce sens et l’information qu’il contient est redéployée ensuite sur tous nos autres supports de communication, en écho : panneaux numériques d’information, réseaux sociaux, TV municipale et magazine municipal.
Nous avons également créé des espaces ouverts aux acteurs économiques et associations pour leur faire bénéficier de la bonne visibilité et de l’audience de nos outils. Ainsi, nous avons mis en ligne une cartographie interactive destinée aux commerçants qui livrent à domicile ou assurent un service de drive. Nous relayons les appels aux dons de matériels des associations pour les maraudes etc… nous avons également valorisé toutes les animations culturelles et sportives proposées.
Lors du premier confinement, la consultation de notre portail internet a augmenté de +34%, signe que nos concitoyens sont en forte attente de lien social.
Notre enjeu commun est que la smart city permette l’optimisation des ressources énergétiques dans une dimension de développement durable.
M.E. : Le 7 juin 2019, et pour la première fois, une convention de partenariat d’innovation a été signé par la Ville de Limoges, l’Université de Limoges et Orange, ayant pour objectif d’accompagner et sensibiliser les élus et collaborateurs de la Ville et de l’Université de Limoges aux nouveaux usages du numérique et développer l’innovation sur le territoire. Pouvez-vous nous en dire plus ?
E-R. L. : Cette convention a effectivement pour objectif d’amplifier notre culture numérique commune. Elle comporte un volet fort à destination des plus jeunes qui pérennise les initiatives de Coding goûters très appréciés par les élèves. Elle vise aussi effectivement à sensibiliser le plus grand nombre, parmi nos décideurs, aux évolutions prospectives du digital. Le premier étage de la fusée, si je peux dire, tient à la forte demande des limougeauds à pouvoir accéder à des services dématérialisés. On pense que cela est simple mais c’est toute une organisation du travail à repenser.
Et puis, comme de nombreuses métropoles, Limoges s’est investie dans le projet de smart city. Dans tout projet de cette nature, l’analyse des besoins et des usages doit peser tout autant que le choix des infrastructures véhiculant les data. Il faut donc que les politiques, quelle que soit la nature de leurs responsabilité et délégations, s’emparent du sujet et en fassent leur miel. Notre enjeu commun est que la smart city permette l’optimisation des ressources énergétiques dans une dimension de développement durable. Il doit nécessairement faire converger les approches technologiques et organisationnelles, faire dépasser certains clivages.
Cette convention vise donc l’acculturation et le partage d’information autour de ce que le digital peut apporter de meilleur dans le quotidien de nos concitoyens et pour le développement économique.
Nous rendons compte chaque jour de notre action. Nos concitoyens ne manquent pas de nous dire ce qu’ils en pensent, croyez-moi ! On appelle ça la confiance. C’est cette relation de maturité que nous attendons de l’État vis-à-vis de nous.
M.E. : On évoque beaucoup la relance, afin d’impliquer les territoires comme moteur de cette relance, ne croyez-vous pas que l’État devra engager un nouvel acte de décentralisation ?
E-R. L. : Il est effectivement dommage que nous ayons dû attendre une nouvelle crise sanitaire pour devoir à nouveau démontrer que les territoires, au premier rang desquels les communes, sont les plus à même pour déployer une réponse rapide et de proximité. Nous devons rester agiles et autonomes pour anticiper les situations de crise comme pour construire sur le long terme. Nous avons décidé ainsi de doubler l’aide alimentaire d’urgence depuis ces dernières semaines en prenant l’engagement que personne ne devait souffrir de la faim. Nous avons les structures pour cela et des partenaires au plus près du terrain, car c’est notre quotidien. L’État et même l’échelon régional ne pourraient pas assurer une telle intervention, à cette échelle, dans les délais aussi courts.
Pour le développement économique et le soutien aux entreprises, dans le cadre de la relance, il ne peut en être autrement. Nous connaissons les besoins à courts termes car nous sommes au plus près des acteurs chaque jour. Si l’on veut être efficace et sauver des emplois, nous devons être en première ligne à leurs côtés pour éviter que le système d’aides se perde dans des modélisations trop complexes qui laisseront des entreprises et leurs salariés sur le bord du chemin. Nous sommes des élus en responsabilité. Nous rendons compte chaque jour de notre action. Nos concitoyens ne manquent pas de nous dire ce qu’ils en pensent, croyez-moi ! On appelle ça la confiance. C’est cette relation de maturité que nous attendons de l’État vis-à-vis de nous.