Philippe LAURENT nommé Vice-Président de la Mission Ecoter
« Je porte une seule et même vision du lien qui unit la nation à l’État, portée par les principes républicains : une société égalitaire et humaniste, animée par la notion d’intérêt général et par une mission essentielle, celle de former des citoyens. »
Conseiller municipal en 1977, adjoint au Maire en 1983, Maire de Sceaux depuis 2001, Philippe Laurent est également Secrétaire général de l’Association des Maires de France (AMF) et Vice-Président de la Métropole du Grand Paris. Boulimique de travail, il a été élu en novembre dernier Président de l’Association Centre-Ville en Mouvement, qu’il a lui-même créée il y a quinze ans. Depuis son entrée en politique, Philippe Laurent n’a eu de cesse de défendre les collectivités locales et territoriales, en étant plus que jamais attaché au sens du mandat communal, et en cette période de crise sanitaire à vouloir rétablir la confiance, tout en favorisant le développement du Numérique dans les territoires.
La ville de Sceaux est membre de la Mission Ecoter depuis plusieurs années, aussi, c’est un grand honneur pour nous d’accueillir Philippe Laurent, homme de terrain et de convictions républicaines, comme Vice-Président de notre Association.
… c’est à l’échelon communal ou intercommunal que s’organise la vie quotidienne des Français, et que c’est dans ce cadre-là que la confiance en l’action publique et dans les mots d’ordre est la plus élevée.
Mission Ecoter : Il y a quelques semaines, et concernant la crise sanitaire, vous nous disiez « Il n’en demeure pas moins que nous avons pâti des stratégies flottantes et parfois contradictoires de l’État dans la gestion de la crise », l’État et son administration semblant vouloir gérer seuls cette crise inédite, alors que vous prônez comme beaucoup d’élu.e.s une meilleure décentralisation ?
Philippe Laurent : Cette crise, venant après celle des « gilets jaunes », a révélé ce que beaucoup savaient déjà : le pouvoir central et l’administration d’État ne peuvent plus ni décider seuls des politiques publiques, ni de leur mise en œuvre. C’est encore plus vrai depuis que l’appareil d’Etat s’est lui-même privé de moyens d’action sur les territoires. Le problème, c’est que le Président, beaucoup de ministres « techniques » et la haute administration restent convaincus de détenir la vérité absolue, la parfaite connaissance des choses et, partant, le monopole de l’intérêt public. Certes, parce qu’il leur a été dit de le faire, ils peuvent parfois appeler les maires à la rescousse, mais ils ne ressentent pas au fond d’eux-mêmes que le pays vit très largement au rythme de ses communes, que c’est à l’échelon communal ou intercommunal que s’organise la vie quotidienne des Français, et que c’est dans ce cadre-là que la confiance en l’action publique et dans les mots d’ordre est la plus élevée.
S’agissant par exemple du processus de vaccination de masse, l’AMF et les professionnels libéraux de santé ont proposé dès novembre l’organisation locale de centres de vaccinations : les communes mettent en place la logistique et l’information de la population, les pharmaciens gèrent les stocks reçus des ARS dans les conditions requises, les médecins et infirmiers vaccinent. Ce 2 janvier, nous attendons toujours la réponse et le feu vert du gouvernement… comme si celui-ci était incapable de faire tout simplement confiance aux forces vives du pays. C’est tout de même inquiétant quant à l’état d’esprit qui règne en haut lieu !
On voit bien à nouveau, à l’occasion de cette crise majeure, que la force humaine est infiniment plus précieuse que le capital financier.
M.E. : Forte de ses 25 ans d’expérience, en termes d’enjeux et d’usages des nouvelles technologies, vous avez été nommé récemment Vice-Président de la Mission Ecoter, et en novembre dernier Président de l’association Centre-Ville en Mouvement, que vous avez vous-même créée il y a quinze ans, alors que vous êtes aussi Secrétaire Général de l’AMF. Philippe Laurent, comment le boulimique de travail que vous êtes voit-il le monde d’après Covid-19 ?
P.L. : Ma formation d’ingénieur et mon passé de consultant me font aborder les sujets davantage en mode projet que d’une façon verticale. C’est, je crois, l’une des raisons de ma capacité parfois reconnue à faire avancer les choses. Eh bien, je pense que le monde d’après devra aussi être géré en « mode projet », en associant le plus possible les citoyens et les acteurs économiques et associatifs, tout en gardant un système de démocratie représentative qui est le seul à permettre aux décideurs de détenir une autorité légitime. Il conviendra pour cela de bien utiliser les outils numériques que beaucoup ont pu mieux apprivoiser grâce au confinement …
Ce « mode projet » doit aussi être appliqué aux relations État – collectivités, en travaillant sur les grandes politiques publiques (santé, logement, éducation, lutte contre le réchauffement climatique, préservation de la biodiversité, …) et en appliquant systématiquement le principe de subsidiarité.
Le monde d’après devra enfin repenser l’équilibre entre travail et capital. On voit bien à nouveau, à l’occasion de cette crise majeure, que la force humaine est infiniment plus précieuse que le capital financier. C’est bien la mobilisation des soignants qui a permis de limiter l’impact de l’épidémie. C’est donc l’occasion de rééquilibrer en profondeur le partage des richesses, l’éducation et la formation, ainsi que la réhabilitation de la notion de « service public » au niveau local, comme national et européen en ce qui nous concerne.
Propos recueillis par : Alain Melka et Quentin Meullemiestre