Fatima EL OUASDI, nouvelle Conseillère Innovation de la Mission Ecoter
« Je crois fondamentalement dans l’éducation des jeunes : je souhaite qu’on leur donne tous les outils pour comprendre la dangerosité des réseaux sociaux et du numérique en général. »
Jeune élue, adjointe au Maire en charge du Numérique de Rueil-Malmaison, Fatima El Ouasdi vient d’être nommée Conseillère Innovation de la Mission Ecoter. Rencontre.
Mission Ecoter : Fatima El Ouasdi, la ville de Rueil-Malmaison a sollicité l’agence Smart by Design début 2020 pour réaliser une analyse de maturité numérique, de quoi s’agit-il exactement ?
Fatima El Ouasdi : La ville de Rueil-Malmaison a sollicité l’agence Smart by Design début 2020 pour réaliser une analyse de maturité numérique et formuler des recommandations de projets pour la feuille de route de la nouvelle mandature. Nous avons à nouveau fait appel à l’expertise de Smart by Design en avril 2020 pour piloter le projet de notre nouvelle application « Vivre à Rueil » qui agrège de nombreux services pratiques au quotidien de nos administrés. La collaboration avec Smart by Design se poursuit aujourd’hui tant en conseil stratégique (axes et feuille de route innovation) qu’en direction de projets numériques : application mobile Vivre à Rueil V2, site d’e-commerce local RueilBoutiques.fr, refonte du portail famille et d’autres projets en cours d’étude de faisabilité comme un outil de CRM/GRC ou la plateforme de réemploi et d’économie circulaire.
Nous souhaitons impulser une approche « design » centrée sur l’utilisateur en amont des projets pour apporter plus de transversalité et une vue d’ensemble aux directions et élus.
M.E. : Après une année plus que difficile, liée à la crise sanitaire, qu’en est-il aujourd’hui de cet accompagnement des experts de Smart By Design ?
F.E-O. : L’accompagnement des experts de Smart By Design nous a permis de faire le point sur le potentiel des services innovants déjà déployés, de les enrichir et de les faire connaître à l’échelle nationale notamment par l’obtention de labels d’innovation territoriale. Nous capitalisons également sur l’expérience de ces consultants afin d’avancer plus efficacement au déploiement de nos nouveaux projets en s’appuyant sur leurs retours terrain dans d’autres collectivités. Enfin, l’intégration de Marie Baudry parmi les effectifs de la ville pour une mission de plusieurs mois nous permet d’avoir un référent opérationnel pour piloter les sujets innovation de la ville, constituer une équipe autour du nouveau pôle « Innovation et Ville Intelligente ». Nous souhaitons impulser une approche « design » centrée sur l’utilisateur en amont des projets pour apporter plus de transversalité et une vue d’ensemble aux directions et élus. Les axes de notre stratégie se précisent en ce début d’année avec une volonté de mettre en œuvre des actions qui s’orientent vers le numérique responsable, inclusif et innovant en y associant les autres villes de notre territoire, Paris Ouest La Défense.
La lutte contre les cyberviolences et le cybersexisme est donc un enjeu sociétal.
M.E. : Très engagée dans la vie civile, présidente-fondatrice de l’association Politiqu’elles qui « œuvre à la promotion des femmes et lutte contre le sexisme », on observe que l’espace numérique est aussi un lieu d’expression parfois très violent envers les femmes.
F.E-O. : J’ai fondé l’association quand j’avais 19 ans et depuis, les champs d’intervention de l’association n’ont malheureusement pas cessé de croître.
Nous sommes particulièrement engagées sur la question de la place des femmes dans l’espace public en ligne, depuis 2016. Je suis notamment intervenue en 2018 lors d’un colloque à l’Assemblée nationale pour rappeler qu’il fallait saisir le sujet du cybersexisme, notamment par l’éducation et la loi.
Le cybersexisme est une forme particulière de cyberviolence qui se fonde sur l’orientation sexuelle présumée, le comportement sexuel présumé ou l’apparence physique. Le revenge porn, qui consiste à publier des images à caractère sexuel sans le consentement de la personne pour se venger d’elle, en est la manifestation la plus connue. Toutefois, elle a rappelé que le hoax, c’est-à-dire la diffusion de fausses rumeurs, le slut shaming, qui humilie les victimes en se basant sur leur comportement sexuel supposé, ou le happy slapping, à savoir la diffusion vidéo d’une agression physique et/ou sexuelle, sont des formes de cybersexisme bien présentes et extrêmement violentes. Le cybersexisme est le reflet du patriarcat de la société.
La lutte contre les cyberviolences et le cybersexisme est donc un enjeu sociétal. Ce phénomène est massif : les cyberviolences touchent ¼ de jeunes. Le cybersexisme tue, y compris en France.
Je crois fondamentalement dans l’éducation des jeunes : je souhaite qu’on leur donne tous les outils pour comprendre la dangerosité des réseaux sociaux et du numérique en général. Nous avons réalisé des interventions dans les collèges et lycées pour sensibiliser sur ce sujet.
Au-delà de l’espace public en ligne, j’ai également été co-rapportrice du rapport Intelligence artificielle et sexisme, avec Social Builder, afin de sensibiliser à l’importance de la place des femmes dans les métiers du numérique et pour éviter que l’IA ne reproduise des biais sexistes en défaveur des femmes. Ce rapport formule 12 propositions à retrouver intégralement sur le site internet de l’association ici.
L’innovation peut être une source de transformation profonde de l’action publique : méthodes de travail, services rendus aux usagers, mobilités, respect de l’environnement. C’est un sujet d’avenir à saisir et je pense que la Mission Ecoter peut et doit l’incarner.
M.E. : Rueil-Malmaison est membre de la Mission Ecoter, au-delà vous avez été nommée à la fonction de Conseillère à l’Innovation, comment entrevoyez-vous cette nouvelle responsabilité ?
F.E-O. : Je suis très heureuse de cette nomination et tiens à remercier le Directeur Général des Services, Alain Melka, et l’ensemble des équipes de la Mission Ecoter pour leur confiance.
En tant que jeune élue sur le numérique, je constate l’importance de porter les sujets d’innovation au sein de ma collectivité. C’est pourquoi, dès le début de mon mandat, j’ai souhaité structurer un pôle “Innovation et Ville intelligente” au sein de la mairie de Rueil-Malmaison, qui sera opérationnel à compter du 1er février. L’objectif, comme énoncé plus tôt dans cette interview, est d’incarner de façon transverse au sein de l’organiser ces sujets : être une véritable fonction support pour les métiers, avec une expertise, une méthode et une visibilité sur les grands enjeux stratégiques de la ville.
L’innovation peut être une source de transformation profonde de l’action publique : méthodes de travail, services rendus aux usagers, mobilités, respect de l’environnement. C’est un sujet d’avenir à saisir et je pense que la Mission Ecoter peut et doit l’incarner.
Interview réalisée par Alain Melka et Quentin Meullemiestre