Crise sanitaire : “Je tiens à souligner l’agilité dont ont fait preuve nos entreprises en créant notamment leurs e-shops et en développant les circuits courts.”

Homme de terrain et de conviction, à l’instar de beaucoup de nos élus, faisant face à cette crise sanitaire, économique, sociale et morale, Didier Robert, Président du Conseil Régional de l’Ile de la Réunion, nous présente son plan de relance régional en lien avec celui de la métropole. Rencontre.

Mission Ecoter : Monsieur le Président, l’épidémie de Covid-19 bouleverse nos organisations, toutefois elle n’empêche pas les élus locaux de continuer à œuvrer au service de leurs concitoyens, bien au contraire. Le Conseil Régional l’Ile de la Réunion étant chef de file de l’économie réunionnaise, que propose la collectivité aux entreprises afin de faire face à la crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons ?

Didier Robert : Dès l’annonce du confinement en mars 2020, j’ai souhaité réunir l’ensemble des forces vives économiques de notre territoire. Cette première réunion de crise nous avait permis d’identifier leurs besoins en termes notamment de fonds de roulement et de nécessaire digitalisation de leurs activités à opérer. Je tiens à souligner l’agilité dont ont fait preuve nos entreprises en créant notamment leurs e-shops et en développant les circuits courts. Je pense particulièrement au secteur de la pêche qui a su se repenser en mettant en place des plateformes de vente en ligne et des espaces de « drive ». Au total, ce ne sont pas moins de 120M€ sur fonds propres que la Région Réunion a pu injecter dans l’économie réunionnaise sous la forme d’aides directes (fonds de solidarité régionale, avances remboursables, chèques numériques…) ou indirectes (prêt à taux zéro, chèques tourisme…).

Ces aides, qui ont touché plus de 100 000 bénéficiaires, ont incontestablement contribué d’une part, à maintenir des entreprises sur le marché et d’autre part à consolider les emplois. Ainsi, on constate qu’en 2020, après deux trimestres de baisse, l’emploi salarié est reparti à la hausse au troisième trimestre. En revanche, le commerce, le transport et l’hébergement-restauration n’ont pas retrouvé leur niveau avec plus de 1000 emplois perdus dans ces secteurs.

À ce stade, le plan volontariste que nous avons déployé a permis de limiter les impacts de la crise sanitaire sur notre économie. Un signal positif est celui du taux de créations d’entreprises, – créations que nous accompagnons également par le biais de subventions du FEDER-, qui a augmenté de + 19% sur le second semestre 2020.

Notre ambition est de permettre aux entreprises réunionnaises d’une part, de consolider leur activité cette année et d’autre part, de disposer d’outils financiers.

M.E. : Monsieur le Président, on évoque beaucoup la relance, afin d’impliquer les territoires comme moteurs de cette relance. Qu’en est-il de votre plan de relance en lien avec celui de la Métropole ?

D.R. : La crise sanitaire et économique reste d’actualité en 2021. Mais grâce à l’intervention volontariste de l’Union Européenne et de l’État, nous avons pu bâtir un Plan régional de relance doté de 1,04 milliard d’euros pour accompagner le rebond de nos entreprises.

L’objectif, à travers ce plan, est notamment de consolider les fonds propres des entreprises et de relancer la commande publique par le biais d’un soutien financier renforcé des investissements portés par les communes de la Réunion.

Notre ambition est de permettre aux entreprises réunionnaises d’une part, de consolider leur activité cette année et d’autre part, de disposer d’outils financiers – subventions et outils de haut de bilan-, afin de réunir toutes les conditions pour préparer leur rebond en 2022.

En ce qui concerne les secteurs les plus fortement touchés, nous allons déployer des dispositifs d’aides directes tels que le fonds de solidarité en direction des discothèques, des agences de voyages et des entreprises de l’évènementiel. Nous apportons également un soutien appuyé à la compagnie aérienne régionale, Air Austral, via son actionnaire principal, la SEMATRA.

La collectivité a décidé par ailleurs de renforcer son soutien aux étudiants et à la jeunesse réunionnaise, qu’il s’agisse des lycéens, apprentis et étudiants sur l’île ou de ceux en mobilité, pour lesquels les conditions d’études loin de leurs familles sont, ces derniers mois, particulièrement difficiles.

Nous sommes de façon générale auprès de tous ces acteurs dans une démarche à la fois de solidarité et une démarche pragmatique. Le but étant d’irriguer l’économie réunionnaise et que ces aides, ces chiffres, se traduisent concrètement par de l’activité et de l’emploi.

L’objectif de la collectivité régionale est clair, c’est d’être au plus près de l’ensemble des Réunionnais, particuliers et entreprises, pour éviter qu’au tsunami sanitaire international ne s’ajoute, sur notre île, un tsunami économique et social.

Propos recueillis par Alain Melka et Quentin Meullemiestre