« … il y a bien sûr le contact humain à ne surtout pas remplacer, mais il faut le complémentariser avec le numérique surtout en cette période de crise sanitaire. »

INTERVIEW – Maire d’Arcachon depuis 2001, Yves Foulon évoque les nouvelles technologies et les actions qu’il mène sur un territoire qui l’a vu naître.

Mission Ecoter : Monsieur le Maire, au regard de la situation sanitaire actuelle, les nouvelles technologies sont plus que jamais présentes dans notre quotidien : application santé, télétravail… N’y a-t-il pas le risque que cette « exception » perdure dans le temps au risque de rompre en partie le lien social ? Et à cet effet, ne faut-il pas repenser totalement notre modèle de société ?

Yves Foulon : Je ne crois pas que ce soit une exception, ce n’est pas nouveau, en effet, aujourd’hui les nouvelles technologies sont présentes dans nos vies et nos services publics. Aujourd’hui, une personne n’a pas le choix d’être connectée, c’est une réalité. Cela apporte de la rapidité, de la productivité et des réponses efficaces. Le numérique n’est pas devant nous mais avec nous. La crise sanitaire que nous traversons depuis 1 an a bien sûr permis de développer l’usage du numérique, l’application anti-covid est une réalité, bientôt ou pas, le passeport sanitaire sera numérique par nature. Cette crise nous a montré malgré les énormes difficultés que nous connaissons que la réactivité, la souplesse des nouveaux moyens de communication nous ont permis de garder un lien social. En effet, il y a quelques années, pouvoir converser, discuter depuis l’Australie avec sa grand-mère à Arcachon était impossible, il y a des réalités dans le quotidien. En revanche, il faut que les pouvoirs publics réparent les difficultés d’inégalités des territoires que nous connaissons actuellement, les zones blanches, les couts du matériel, Il faut apporter des réponses. En effet, il y a encore une partie de la population qui est en incapacité de se saisir du numérique et il faut donc les former ! Par ailleurs, il y a des territoires qui sont dépourvus de capacité de réseaux mais également des coûts de matériels qui sont très lourds pour certains, une tablette coute encore de l’argent. Dans la Ville que j’administre à Arcachon, je donne tous les moyens d’être connecté et d’avoir accès au numérique, car le lien social peut se renforcer avec le numérique, il y a bien sûr le contact humain à ne surtout pas remplacer mais il faut le complémentariser avec le numérique surtout en cette période de crise sanitaire.

… nous faisons de la prévention, nous avons un contact permanent avec la population pour expliquer, discuter, faire de la pédagogie…

M.E. : Sécurité, Prévention, Santé de vos concitoyennes et concitoyens sont au centre de vos préoccupations, comment cela se concrétise -t-il ?

Y.F. : Aujourd’hui la sécurité est une priorité, il existe des territoires qui sont insécures en France, c’est une réalité ! Pour ceux qui n’habitent pas ces territoires et qui n’y sont pas au quotidien, ils le voient à la télévision, le lisent dans les journaux, l’écoutent à la radio, nous sommes dans un climat d’insécurité permanente. A l’échelle d’une ville comme Arcachon, nous avons renforcés nos moyens, concrètement c’est plus de policiers municipaux, le retour de l’îlotage avec une présence policière permanente dans certains quartiers et lieux de vie comme la gare, le renfort de la vidéoprotection avec à la fois un nombre de caméras multipliés, c’est aussi un centre de centre de surveillance urbain que nous mettons en place 24h sur 24h et aussi un certain nombre d’arrêtés qui luttent contre les incivilités en étant draconien sur la répression lié à ces incivilités. A côté de cela, nous faisons de la prévention, nous avons un contact permanent avec la population pour expliquer, discuter, faire de la pédagogie, répondre aux sollicitations, répondre aux questions, avec le lien avec les associations, les centres sociaux, les maisons de quartiers, nous allons dans les écoles pour faire de la pédagogie, le CCAS est en contact permanent avec les plus fragiles donc nous mélangeons sécurité et prévention. Par ailleurs et c’est d’actualité, la santé a toujours été une priorité à Arcachon, nous sommes une ville dont la population est assez âgée, la plus âgée de France pas en nombre mais en sociologie de population. Nous avons voulu apporter des réponses concrètes à notre échelle, à cet effet, nous avons mis en place différents dispositifs nous avons “Arcachon santé”, avec un simple appel téléphonique un médecin vient gratuitement la semaine, la nuit, les week-ends et les jours fériés au domicile de chaque individu. On a un autre dispositif “Bien vieillir” qui permet au plus de 70 ans de recevoir un ergothérapeute à son domicile, qu’il soit propriétaire ou locataire, permettant de faire un diagnostic du logement afin de réaliser des travaux de mise en adéquation du logement avec la situation de santé de la personne, par exemple en mettant des couloirs de lumières au sol pour les personnes désorientées, en mettant des capteurs de chute pour les personnes isolées qui nous permettent d’alerter les secours, nous allons réaliser une maison médicale avec des médecins spécialistes sur notre commune, nous avons des dispositifs de sport sur ordonnance et de sport tous les week-ends gratuitement sur les plages, enfin, nous mettons en place une mutuelle municipale . Nous sommes donc tournés sur les 3 volets Sécurité, Prévention et Santé.

Le mélange de nos expériences va nous enrichir mutuellement.

M.E. : La Ville d’Arcachon vient de rejoindre, en tant que membre la Mission Ecoter, forte de ses 25 ans d’expérience en termes de nouvelles technologies, quelle sera le sens de cette collaboration ?

Y.F. : La Mission Ecoter a effectivement 25 ans d’expériences sur les nouvelles technologies, c’est très important et cela fait longtemps que vous réfléchissez à ses enjeux !

D’où le souhait que nous avons, c’est de partager les expériences, de partager les bonnes idées, d’expérimenter, d’innover, de se parler afin d’être plus fort pour peser auprès du gouvernement sur les décisions pour nos territoires et d’élargir notre champ de connaissance donc de compétences et de donc de services rendus à la population.

Le mélange de nos expériences va nous enrichir mutuellement.

Propos recueillis par Alain Melka et Quentin Meullemiestre