Un Élu « Correspondant Défense » dans chaque commune

La suspension de la conscription et la professionnalisation des armées ont amené l’État à reformuler le lien entre la société française et sa défense. Le correspondant Défense (CORDEF) est le pivot de cette nouvelle configuration.

Créée par la circulaire du 26 octobre 2001, cette fonction répond à la volonté affichée d’associer pleinement tous les citoyens aux questions de défense et de développer le lien Armée-Nation grâce à ces référents et à des actions de proximité.

L’instruction ministérielle du 8 janvier 2009 précise la réalité de ces correspondants-défense. Ces élus municipaux, choisis par le Maire, sont les interlocuteurs privilégiés des autorités civiles et militaires, dans leur commune. Ils relayent les informations relatives aux questions de défense et peuvent s’appuyer sur un réseau regroupant, autour du Préfet, les officiers généraux des zones de défense, les délégués militaires départementaux et les référents des associations régionales de l’IHEDN (expressément cités dans ce texte).

Ces acteurs sont destinataires de l’ensemble des documents réalisés par la DICOD (délégation à l’information et à la communication de la défense).

La mission des correspondants défense, telle que prévue par les textes, s’organise autour de 3 axes :

  • La politique de défense, qu’ils doivent présenter et expliquer aux citoyens, dans chaque commune,
  • Le parcours de citoyenneté, qui comprend l’enseignement de la Défense aux jeunes de 3ème et 1ère, réalisé par l’Éducation nationale, mais aussi, l’action des correspondants défense qui veillent à l’information des jeunes citoyens sur les obligations et la journée d’appel de préparation défense (JAPD),
  • La Mémoire et le Patrimoine, la mission la plus connue des français au travers des cérémonies de commémoration, à la présence sur la commune d’anciens combattants et à notre patrimoine militaire.

Le correspondant défense existe puisqu’il est prévu par les textes, que ses missions sont précisées et que ses partenaires sont officialisés. C’est d’ailleurs ce qu’affirmait la Ministre des Armées actuelle dans une réponse à un sénateur le 8 octobre 2020.

Elle a rappelé le maillage national des CORDEF, les liens avec les autorités civiles et militaires et a indiqué que 32000 mairies disposent déjà d’un « compte-partenaire » pour prendre en compte, de façon dématérialisée, la liste des recensés. A terme, les correspondants défense pourront sur « majdc.fr » trouver toutes les informations utiles sur les dispositifs facilitant le lien Armée-Jeunesse.

Sur le papier et la toile, tout est donc parfait, il ne manque pas « un bouton de guêtre » et dans tout notre beau pays, les conférences sur la défense se multiplient, les visites des sites militaires sont innombrables, les notes et articles à destination des citoyens foisonnent. Circulez il n’y a rien à dire !!!!

Mais la réalité quotidienne sur le terrain, dans nos communes, est tout autre. Tout cela reste inconnu de nos concitoyens comme d’ailleurs l’existence d’un correspondant défense.

En effet, beaucoup de Maires après (et même avant) les dernières élections municipales n’ont délégué personne à cette fonction, le plus souvent par ignorance ou parce qu’il ne s’agit pas d’une priorité locale (surtout en ce moment). Dans les villes ou existe un correspondant défense, celui-ci est souvent, aussi et surtout, l’élu en charge de la sécurité ou celui responsable des anciens combattants et du devoir de mémoire. De même, les DMD commandent le plus généralement une base ou une unité, ne font pas du correspondant défense, l’axe majeur de leur action, avec au mieux, une réunion ou deux par an. Quant à la DICOD, elle n’adresse aucune information à l’élu concerné qui doit aller, s’il en a la volonté, à la pêche aux informations.

Ne soyons pas découragés, dans certains départements, le DMD ou son adjoint s’active pour faire vivre le réseau, organiser des rallyes citoyens, et relancer les CORDEF. De même, dans certaines villes, le correspondant défense fait de son mieux, informe et se bat pour faire connaitre et comprendre son rôle.

C’est donc le vrai défi que les Élus doivent relever.

Il faut donc inciter les Maires à désigner une ou un élu « Correspondant Défense » (CORDEF) ; charge à lui de porter cette responsabilité. Grâce à des contacts, des informations diverses, il devra comprendre, appréhender et intégrer les missions qui sont les siennes avant de les transmettre à ses concitoyens.

Dans chaque département, le Délégué Militaire Adjoint (souvent le plus accessible) dispose de guides pratiques en la matière et sera le premier rendez-vous du nouveau CORDEF. Mais le travail solitaire est difficile, il est essentiel que cet élu se rapproche de ses collègues chargés de la même délégation au sein de l’intercommunalité. Il pourra aussi prendre contact avec l’Association Départementale des Maires qui pourra l’accompagner.

Dans certains départements, les Associations Régionales IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale) qui sont citées dans les textes officiels, sont mobilisées et peuvent aider le CORDEF pour l’organisation de conférences, de visites de sites militaires, des articles dans les parutions municipales….

Correctement informé, en contact avec les militaires et les réseaux d’élus, le CORDEF pourra alors faire vivre sa délégation au bénéfice de ses concitoyens, notamment des jeunes : collégiens et lycéens. Les Anciens Combattants, comme les Réservistes seront heureux de le seconder.

Ce travail, en profondeur, permettra dans la durée de sensibiliser les habitants à l’engagement de nos soldats, d’aider et d’informer les jeunes sur le parcours citoyen et le Service National Universel, mais aussi de présenter les grands enjeux stratégiques auxquels notre pays est confronté.

C’est une belle mission qui mérite notre engagement.

Jacques GAUTIER

Vice-Président de la Mission Ecoter

Ancien Sénateur-Maire