La covid,

une chance pour notre économie ?

Il y a quelques jours, le 17 mars 2021, advenait le premier anniversaire du confinement qui a valu à notre pays, l’ensemble de ses habitants, de ses entrepreneurs, de ses étudiants, de ses producteurs, de ses écoliers, de ses retraités et de ses fonctionnaires d’être mis sous cloche. Un an, c’est une éternité ! Au printemps dernier, nous ne savions rien de ce virus venu d’Asie qui, déferlant sur l’Est de la France et en particulier sur la région de Mulhouse, ravageait tout sur son passage. Nous avons été désarçonnés par cette maladie qui, surgie sans signes avant-coureurs ou presque, se propageait à vive allure, menaçant ceux que nous aimions.

Face à l’imminence du danger, nous n’avons pas hésité un seul instant. Attachés aux notions de protection sociale et de préservation de la santé humaine, nous avons collectivement pris la décision de sacrifier l’économie à la vie. Avec le recul, il ne fait pas le moindre doute que nous avons pris la bonne décision. Quelle société abandonne les malades et les plus fragiles ? N’aurait-ce pas été bafouer l’ensemble de nos valeurs et de nos idéaux que de laisser triompher la covid pour préserver notre industrie, notre secteur touristique ou notre hôtellerie ?

Pour autant, nous savons aussi que l’on peut mourir du chagrin de voir ruiné le travail d’une vie, anéantis les efforts de chaque instant ; que l’on peut basculer dans la précarité à force de laisser les grilles de son commerce fermé ; que l’on peut dépérir par manque de liquidités ou incapacité à équilibrer son bilan. De ces risques, nous sommes plus que jamais conscients et c’est justement pour ménager celles et ceux qui, au quotidien, se lèvent à l’aube et travaillent dans l’intérêt de l’ensemble de leurs concitoyens qu’un panel important d’aides aux entreprises et aux secteurs en difficultés a été mis en place. Si le ministère de l’Economie et des finances a largement œuvré à ce soutien, les collectivités territoriales – au titre desquelles compte la Région Grand Est – n’ont cessé d’imaginer des dispositifs, de proposer des diagnostics, des évaluations et de voler au secours de celles et ceux qui se trouvaient dans l’impasse.

Parce que les mesures d’urgence ne pouvaient suffire, l’Union européenne, l’Etat et les collectivités ont, chacun à leur échelle mais dans un souhait affirmé de cohérence, consenti un conséquent effort de relance. Eu égard à la criticité de la situation, la puissance publique, quelle que soit sa strate d’intervention, a puisé dans ses ressources et débloqué des fonds pour permettre aux acteurs structurants du tissu économique de passer ce mauvais cap et de repartir sur de bonnes bases, résolument plus modernes et constitutives de l’économie de demain.

En effet, les milliards mis à disposition des acteurs économiques en besoin de renflouement n’ont jamais eu pour objectif de maintenir à flot des structures déjà insolvables ou improductives avant la crise. Au contraire, la relance a cela de fabuleux qu’elle a été fléchée vers l’avenir, vers les domaines d’activité porteurs, vers les entrepreneurs les plus agiles et désireux de se confronter à l’innovation pour en faire une force.

Il convient de refuser la notion d’économie sous perfusion qui, dès la cessation de l’intervention publique s’effondre. En cela, nous devons admettre, dans les pas de Schumpeter, qu’il existe bien un processus de destruction créatrice et qu’une entreprise inadaptée aux exigences du marché se doit de péricliter, non pas pour mettre à mal ceux qui la portent, mais pour les encourager à aller de l’avant, à regarder plus loin et à proposer des solutions qui soient plus en cohérence avec la nécessité de l’instant et le devenir du monde.

Alors non, personne ne doit rester au bord du chemin parce que ceux qui subissent aujourd’hui le chômage, l’activité partielle, les liquidations souffrent de ce qu’ils vivent comme un échec et qui, parfois, les place dans des situations sociales délicates. A eux tous, disons que ce n’est pas la fin de quelque chose mais le début d’une nouvelle opportunité qu’il leur revient de créer et que la collectivité sera à leurs côtés pour accompagner et faire fructifier.

Jean ROTTNER

Président de la Région Grand Est

Vice-Président de la Mission Ecoter