2 questions à… Yves FOULON, Maire d’Arcachon
Enfant du pays, Yves Foulon a déclaré, dès son adolescence, qu’il voulait être Maire. Largement réélu en mars 2020, pour un quatrième mandat, il fait de la santé de proximité l’un des actes majeurs de sa politique municipale, lui qui se veut être toujours plus proche de ses concitoyennes et concitoyens dans le cadre du « Bien Vivre dans sa ville et Bien Vivre chez soi. » Rencontre.
Mission Ecoter-France et Territoires Numériques : Monsieur le Maire, la Ville d’Arcachon est un territoire d’innovation notamment en termes de politique de santé de proximité, à ce propos, comment les nouvelles technologies sont-elles mises au service de vos administrés?
Yves Foulon : Aujourd’hui, ce que nos administrés attendent des élus locaux, c’est que nous agissions concrètement pour améliorer leur cadre de vie. Pour cela, il nous faut apporter des réponses utiles et rapides afin de faciliter le quotidien de nos populations.
A Arcachon, je suis très attaché au contact humain et aux relations qui unissent les gens, encore plus en cette période de crise sanitaire. Le lien social peut se renforcer avec le numérique, notamment lorsque les familles sont éloignées. Nous agissons donc pour que les Arcachonnais aient tous accès au numérique et aux nouvelles technologies.
Depuis plusieurs années maintenant, nous avons mis en place le dispositif « Bien Vivre ». Il repose sur deux volets : Bien Vivre dans sa ville et Bien Vivre chez soi. Dans la mise en œuvre de ce projet municipal, nous nous sommes aperçus très vite que les nouvelles technologies permettaient de répondre aux enjeux liés au vieillissement de la population, à la préservation de l’autonomie des seniors ou encore au manque de professionnels de santé sur nos territoires.
Ce dispositif permet aux Arcachonnais de plus de 70 ans de recevoir la visite d’un ergothérapeute à leur domicile, qu’ils soient propriétaires ou locataires, pour faire un diagnostic du logement afin de réaliser des travaux de mise en adéquation avec la situation de santé de la personne.
Concrètement, cela nous permet d’accompagner le développement de la domotique domestique ou de proposer des solutions comme l’installation de couloirs de lumières au sol pour les personnes désorientées, celle de capteurs de chute pour les personnes isolées ainsi que la téléassistance qui permet d’alerter les secours en cas de besoin.
Nous avons aussi mis en place « Arcachon santé » qui permet par un simple appel téléphonique de faire venir un médecin gratuitement la semaine, la nuit, les week-ends et les jours fériés au domicile de chaque individu.
L’essor des nouvelles technologies nous permet donc d’offrir des services nouveaux, efficaces tout en préservant ce lien de proximité avec les Arcachonnais, qui m’est cher, dans le but de leur garantir une haute qualité de vie.
M.E.-F.T.N. : On évoque beaucoup la relance, afin d’impliquer les territoires comme moteur de cette relance, ne croyez-vous pas que l’État devra engager un nouvel acte de décentralisation ? Faut-il finalement, et une bonne fois pour toutes, repenser la relation État/Collectivité ?
Y.F. : Alors que notre pays traverse une crise sanitaire, économique et sociale d’une ampleur inédite, chacun peut se rendre compte à quel point l’action publique locale a été décisive. Sur chaque commune où ils existaient, les Centres Municipaux de Santé ont été de véritables outils opérationnels dans les campagnes de dépistages et de vaccination de la population. A Arcachon, cela a été le cas grâce au dispositif « Arcachon Santé » qui nous a permis très rapidement de tester, dans un premier temps, puis de vacciner ensuite la population de notre territoire.
La gestion ultra-centralisée de la crise sanitaire nous a montré les limites d’un État qui ne peut pas tout gérer seul. C’est pourquoi, la relation État/Collectivité doit évoluer, tout comme nos sociétés et nos modes de vie évoluent. Sachons faire preuve de bon sens et faisons-nous confiance.
Plus que jamais, il faut rapprocher le politique du citoyen et pouvoir compter sur une administration de proximité, souple et réactive. Je suis conscient que la proximité ne règle pas tous les problèmes mais elle crée de la responsabilité et donc de l’efficacité. Elle permet une meilleure prise en compte des particularités de chaque territoire et donc des réponses adaptées.
Comme l’Association des Maires de France, je trouve que le projet de loi « 3DS » manque « d’ambition décentralisatrice ». Le gouvernement ne semble pas avoir tiré les leçons de la crise sanitaire, économique et sociale liée à la pandémie. Ce texte ne rebat pas les cartes et ne renforce pas les libertés locales, il se contente d’achever les transferts de certains blocs de compétences.
Tout doit être fait pour faciliter l’éclosion d’initiatives locales et favoriser les expérimentations notamment dans les domaines de la sécurité du quotidien, de la santé et de l’aménagement de nos territoires. Aujourd’hui, beaucoup de pays redonnent de la marge de manœuvre au local. C’est dans ce sens qu’il faut se diriger.
Propos recueillis par Alain MELKA et Quentin MEULLEMIESTRE