Priorité à la santé pour toutes et tous !

Voilà plusieurs années que de nombreux territoires de France doivent faire face à un phénomène grandissant de désertification médicale, que cela soit dans les territoires ruraux ou dans les zones urbaines.

L’Ile-de-France est ainsi devenue le plus grand désert médical du pays : 62,4 % de la région est classée comme désert médical ; ce chiffre explose et atteint 92,8 % en Seine-Saint-Denis.

La pandémie du COVID n’a fait que renforcer les inégalités d’accès à la santé que vivent les habitants et habitants de notre département. Avec un taux de pauvreté élevé, les indicateurs de santé en Seine-Saint-Denis sont particulièrement défavorables, en raison notamment du non-recours aux soins du fait d’un maillage insuffisant de l’offre médicale. A titre d’exemple la densité moyenne de médecins généralistes et spécialistes y est inférieure de 30% à la moyenne nationale.

Ce constat n’est pas anecdotique pour notre territoire car l’éloignement des parcours de soins engendre des conséquences néfastes pour les habitantes et habitants. L’espérance de vie y est, par exemple, la plus faible de la région d’Île-de-France, et la mortalité prématurée est supérieure à la moyenne nationale.

Les raisons de cette situation sont multiples : le manque d’attractivité du territoire, des médecins plus âgés qu’ailleurs, le non-remplacement des départs à la retraite, des rémunérations trop basses…

Pour y remédier, il nous faut une politique plus volontariste de l’Etat avec des mesures fortes d’attractivité et d’organisation des soins primaires : préservation et renforcement des hôpitaux, soutien à la médecine de ville, coordination des acteurs et actrices en santé.

L’Agence régionale de santé redéfinit actuellement la carte du « Zonage médecins 2022 », c’est-à-dire la carte des zones concernées par les aides à l’installation et au maintien des médecins généralistes pour l’Île-de-France. Néanmoins, et même si l’incitation financière est un élément important pour faciliter l’installation des jeunes médecins, elle n’est, dans bien des territoires, pas suffisante.

C’est pour cette raison que nous avons souhaité avec le Département de la Seine-Saint-Denis, et en complémentarité avec les services de l’Etat, formuler plusieurs propositions concrètes telles que la mise à disposition aux professionnel.le.s et futur.e.s professionnel.le.s de santé d’un bouquet de services en termes d’interprétariat, d’appui à la gestion administrative, l’organisation d’activité mixte ville/hôpital.… et surtout la mise en réseau des praticien.ne.s du médical et du pramédical, afin de travailler de façon coordonnée pour répondre au mieux aux besoins de la population.

Pour répondre à l’urgence, et même si cela ne relève pas de nos compétences strictes ni de notre champ d’action, nous nous efforçons également avec le Département de compenser le déficit où nous le pouvons, notamment en renforçant l’offre de soins par le biais de notre réseau de 112 centres de PMI. Nous mettons aussi gratuitement à la disposition des habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis des structures de prévention en santé (CDPS) et ces Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD),

Par ailleurs, j’ai la conviction profonde que la santé de demain ne peut pas se faire sans les patient.e.s. C’est pourquoi, en 2020 nous avons mis en place l’Académie populaire de la santé. Ce dispositif, unique en France, mené avec l’appui de la Fondation BNP Paribas, vise à former des habitant.e.s pour en faire des ambassadeurs et ambassadrices de santé auprès de leur entourage. Plusieurs actions de prévention et de sensibilisation ont pu être menées auprès de la population séquano-dyonisenne.

Enfin, ce sont aussi les actions « d’aller-vers » que nous développons à travers notamment notre plateforme en médiation. Celle-ci vise à coordonner des acteurs et actrices du monde associatif investi.e.s dans la médiation en santé, en vue de l’organisation de permanences de médiateurs et médiatrices. Cette plateforme assure des permanences hebdomadaires à la Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (PADA) ainsi que dans les quartiers.

La santé, c’est l’affaire de toutes et tous ! Après les constats alarmants, il est temps d’agir efficacement pour que l’ensemble des habitant.e.s aient accès à une offre de soins suffisante et de qualité. C’est cette démarche ambitieuse que nous nous efforçons de conduire au Département de la Seine-Saint-Denis.

Magalie THIBAULT

Vice-présidente du Département de la Seine-Saint-Denis en charge des Solidarités et de la Santé