Occitanie : la sobriété, c’est notre nature…

On parle de sobriété quand il y a eu dépendance, souvent assortie de déni. Une excellente nouvelle : la réalité du changement climatique fait désormais consensus chez nos concitoyens, pour qui l’environnement est devenue la deuxième priorité – qu’ils soient femmes ou hommes, riches ou pauvres, ruraux ou urbains, jeunes ou vieux. C’est le baromètre « Fractures françaises » (Fondation Jean-Jaurès-Ipsos, Sopra-Steria, Le Monde, Cevipof) qui dresse ce constat encourageant après un été d’événements climatiques extrêmes qui n’ont pas épargné l’Occitanie, et un automne de tensions inédites sur l’énergie. Les Français sont désormais prêts à « modifier en profondeur leur mode de vie » et la Présidente de Région que je suis s’en réjouit : je crois à la force du collectif, au pouvoir de la volonté, au sens des responsabilités de nos territoires… à leurs talents aussi. L’urgence climatique mérite mieux que des plaisanteries sur une communication en col roulé ou en doudoune !

Il ne faudrait pas oublier non plus la première préoccupation des Français, le pouvoir d’achat, car les deux sujets sont liés : pour participer à la transition énergétique, il faut avoir les moyens d’acheter un véhicule propre ou la possibilité de prendre les transports en commun, la capacité de rénover son logement s’il est identifié comme passoire thermique, les moyens de se nourrir avec des produits frais de qualité et bio…

Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer. Je crois à une transition énergétique vécue ensemble, sans laissés-pour-compte. Nous devons aider nos concitoyens. S’ils ont beaucoup entendu parler de sobriété, ils veulent « voir pour croire » : ils attendent des efforts partagés par tous, ils veulent de l’exemplarité.

Bien sûr, on a encore parfois l’impression de nager à contre-courant avec l’organisation du Mondial de football 2022 au Qatar ou des jeux asiatiques d’hiver 2029 en Arabie saoudite. On peut alors se dire : à quoi bon ? Mais, à notre échelle, les Régions se mobilisent fortement sur les enjeux climatiques et les résultats sont tangibles.

En Occitanie, nous avions bien anticipé puisque notre ambition de Région à énergie positive remonte à 2016, avec une stratégie déjà prioritairement basée sur une baisse de la consommation : divisée par deux et couverte par les énergies renouvelables. Notre Pacte Vert régional en fait une priorité : 2,2 milliards d’euros investis en faveur de la transition énergétique entre 2016 et 2030 avec un doublement des investissements de 2022 à 2030.

Je crois à la force de la preuve, je crois à l’exemplarité : par exemple, en six ans, nous avons réalisé plus de 20% d’économies d’eau, de gaz et d’électricité dans les lycées. Mais la Région va aussi au-devant des citoyens, des entreprises et des collectivités pour les aider à gagner en sobriété : nous avons ainsi soutenu près de 320 communes dans leurs projets de géothermie, chaufferie bois et photovoltaïque ; nous avons rénové 1100 bâtiments publics et accompagné plus de 80 000 foyers dans la rénovation thermique de leur logement avec des écochèques. Nous avons prévu un fonds énergie solidaire pour venir en aide aux plus précaires. Des mesures d’urgence conjoncturelles ont aussi été prises pour faire face à la crise : soutien au covoiturage, aide à l’achat d’un véhicule électrique pour les artisans, pass transformation écologique pour les entreprises… 53 millions d’euros ont d’ores et déjà été mobilisés pour aider les entreprises dans leur transition énergétique.

Nous avons fortement déployé les transports ferroviaires, avec une nouvelle offre et la tarification la moins chère de France… ce qui s’est traduit par une nouvelle hausse annuelle de près de 20% de la fréquentation. Le résultat est immédiat : 165 000 tonnes de CO2 ont été évitées en 2021 grâce aux trains régionaux.

Première Région à adopter un plan hydrogène, première Région pour la programmation d’éolien en mer flottant, l’Occitanie ne cherche pas tant à conserver un temps d’avance qu’à emmener d’autres avec elle en montrant qu’un nouveau modèle est possible.

Couplées à la relocalisation d’industries et à la structuration de filières innovantes, nos actions nous permettent d’être à la fois une Région qui protège ses habitants et une Région qui voit loin et prépare les emplois d’avenir. Nos écoles de la transition écologique (ETRE) forment d’ailleurs aux métiers verts. Nous avons aussi mis en place un Revenu Régional Écologique Jeunes pour les moins de 30 ans qui s’orientent vers ces métiers contribuant à la protection de l’environnement et à la lutte contre le réchauffement climatique. Et parce que nous sommes convaincus, comme la Mission Ecoter, que le numérique peut être un puissant allié de la transition énergétique, nous proposons notamment des formations aux « Métiers du numérique et de la transition énergétique », comme au lycée Paul Langevin dans le Gard.

Notre plan pour la souveraineté énergétique et le pouvoir de vivre fait aussi de l’habitat durable et de la transition agro-alimentaire des combats quotidiens. L’Occitanie vient précisément d’être élue par Bruxelles « Meilleure Région biologique d’Europe ».

Il faut aller encore plus loin au niveau national, avec des investissements massifs dans le ferroviaire, la gratuité des transports collectifs, la généralisation et l’accélération des rénovations de logements…

Pour avancer, la Région Occitanie fait pack avec les habitants, les entrepreneurs, les élus, les associations… afin de prendre en main le destin du territoire Cette force du collectif est notre marque de fabrique. On le sait, encore plus depuis la crise sanitaire : il faut anticiper pour ne pas subir. Il faut gagner en souveraineté. Il faut oser, ensemble. Nous ne sommes pas seulement prêts : nous sommes déjà en route, main dans la main.

Carole DELGA

Présidente de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée