Congrès des Maires 2022 : “J’ai été particulièrement satisfait et heureux de constater la mobilisation des Maires et élus de notre département du Nord, le plus important de France…”

Mission Ecoter-France et Territoires Numériques : À l’aune du contexte particulièrement difficile pour les maires qui doivent faire face à une multitude de crises, en tant que premier vice-président des Maires du Nord, membre du Comité Directeur des Maires de France et Maire de Gravelines comment avez-vous vécu ce 104e Congrès des Maires ?

Bertrand RINGOT : Le Congrès des Maires est toujours un moment démocratique important et l’occasion d’échanger entre Maires et notamment avec mes collègues et amis du Nord. Trois jours de débats, une trentaine de forums, 10 000 participants : plus que jamais, ce Congrès a montré qu’il était le grand rendez-vous des élus de terrain. L’association des Maires de France porte avec talent et expertise nos revendications dans de nombreux domaines de la vie de nos collectivités et de nos concitoyens. C’est une chance !

J’ai été particulièrement satisfait et heureux de constater la mobilisation des Maires et élus de notre département du Nord, le plus important de France, faut-il le rappeler !

La difficulté du contexte que nous vivons dans nos communes était particulièrement prégnante dans les débats. Les inquiétudes auxquelles nous sommes quotidiennement confrontées rythment nos journées et nous étions également là pour le rappeler aux membres du Gouvernement.

Quand certains veulent affaiblir les territoires et la décentralisation, cette mobilisation massive au service de notre pays et des citoyens est la plus belle démonstration de notre utilité pour porter la voix des territoires.

Mission Ecoter-France et Territoires Numériques : Les préoccupations des maires sont nombreuses, hausse des coûts de l’énergie, inflation galopante, les finances locales en berne… à l’issue de ce Congrès des Maires, quelles sont les avancées que vous avez pu obtenir ?

Bertrand RINGOT : Tout d’abord, le fait que l’intégralité de la résolution des instances de l’AMF ait été adoptée à l’unanimité en présence de Madame la Première ministre est un message fort qui doit être mis en œuvre désormais.

Intervenue en clôture du 104e Congrès des Maires, la Première ministre a confirmé qu’un certain nombre de dispositifs prévus par l’exécutif allaient être adaptés. La trajectoire d’évolution des dépenses locales ne sera finalement pas assortie de sanctions. Le “filet de sécurité” et l’amortisseur électricité” vont être simplifiés. Et la mise en œuvre du ZAN va faire l’objet de plusieurs assouplissements.

Nous attendons cependant encore les précisions quant à ces annonces qui restent floues et insuffisantes. L’entêtement du Gouvernement sur la suppression de la CVAE est incompréhensible, même si je me réjouis que le Groupe Socialiste du Sénat ait momentanément obtenu le retrait de cette suppression.

La préoccupation que j’ai trouvée la plus prégnante pendant ce Congrès des Maires, c’est de savoir comment on va boucler le budget 2023 de nos communes . Avec la flambée des prix, la préparation des budgets de l’an prochain s’apparente à un véritable casse-tête pour nous tous ! Les économies faites ici ou là ne seront sans doute pas suffisantes. Beaucoup de communes seront donc contraintes de réduire la voilure des services publics voire d’augmenter la taxe foncière… Les investissements devraient aussi faire malheureusement les frais de l’inflation. N’oublions pas que nos investissements c’est aussi l’emploi …et donc la fiscalité de demain !

L’inquiétude est très forte eu égard à l’explosion des prix de l’énergie et de l’inflation. Fin 2021, avec une hausse des prix de l’énergie qui a démarré à la fin de l’été, les dépenses d’énergie représentaient déjà « plus de 5 % des dépenses de fonctionnement » des petites villes. Ce chiffre sera nécessairement plus élevé fin 2022, et risque de l’être plus encore en 2023, l’envolée des prix promettant apparemment d’être durable.

À ce sujet, La Banque Postale confirme le chiffre qu’elle avait déjà donné il y a quelques semaines sur le « filet de sécurité » prévu par le Gouvernement. En l’état actuel des choses, au lieu des « 22 000 communes » qui devaient en bénéficier selon le gouvernement, elles seraient bien environ 8000. Dont un peu plus de 1000 petites villes, qui pourraient toucher autour de 174 millions d’euros à ce titre.

Les critères d’éligibilité à ce filet de sécurité « aux mailles très larges », comme l’a dénoncé André Laignel au Congrès de l’AMF, devraient toutefois être revus pour permettre à davantage de communes d’en bénéficier.

Ainsi, nos principales revendications portent sur l’augmentation des dotations. Une amélioration des divers dispositifs prévus pour compenser l’inflation (filet de sécurité, tarifs réglementés, amortisseur électricité) et l’indexation de la dotation globale de fonctionnement (DGF) sur l’inflation. Sur ce dernier point, je me réjouis de la position des Sénateurs Socialistes qui ont porté ce combat avec succès dans le cadre du projet de loi de finances en obtenant cette indexation nous permettant de préserver une certaine capacité d’action. Cette mesure relève du bon sens, car cette non-indexation par le Gouvernement n’est ni plus ni moins un prélèvement de l’État sur les collectivités creusant encore plus le phénomène de recentralisation que nous combattons.

Même si des avancées ont pu être obtenues lors de ce Congrès des Maires, nos préoccupations et nos inquiétudes sont toujours aussi prégnantes, notamment avec l’arrivée d’un hiver qui s’annonce particulièrement froid. Malgré ces difficultés, je sais que les Maires feront tout leur possible pour faciliter le quotidien des populations et nous continuerons d’exiger de la part de l’Etat qu’il nous garantisse les moyens d’y parvenir.

Pour ma part, je suis pleinement mobilisé pour la défense de la décentralisation et attaché comme tous les Français à l’identité communale.

Propos recueillis par Alain MELKA et Quentin MEULLEMIESTRE