« Devant cette nouvelle révolution industrielle,

il faudra accompagner tous nos citoyens dans cette bifurcation sociétale »

Rarement séquence médiatique nationale n’aura mis en lumière à ce point les nouvelles technologies numériques avec ce forum international autour de l’Intelligence Artificielle.

De ces discours, de ces déclarations, de ces reportages ressort un sentiment de volonté de gigantismes. On a parlé de super calculateurs, de super data centers, tout en déportant habilement des questions pourtant essentielles d’énergie et de ressources.

La France a exprimé la volonté d’y aller « à fond » et de tisser des relations partenariales plutôt bien vues pour avoir des dizaines de milliards d’investissements sur notre sol.

Je proposerai juste que nous mettions autant d’énergie à construire une gouvernance écosystémique européenne autour d’un projet IA européen comme nous l’avons fait avec Airbus, construit autour des réglementations mises en place.

La France se donne donc l’ambition d’une super car, reste maintenant à définir le système de navigation que nous allons tous utiliser et surtout de définir où nous allons…

Après avoir parlé infra, on va donc reposer la question des usages

Pour nos collectivités, il y a sur cette question, trois cibles avec chacune leurs enjeux.

La première est nos citoyens.

Agité par certains comme le totem qui va tout changer, un techno anxiété est générée par sur cette surmédiatisation chez nos concitoyens dont l’inquiétude ultime reste la substitution de l’Homme par la machine. Il faut donc une fois encore par des dispositifs de proximité poser le débat de débats, d’échanges et de médiations pour apprendre que cette technologie est un outil qui va avant tout transformer nos habitudes de travail, de consommations et finalement notre vie de tous les jours.

Toute nouveauté fait peur, les premiers trains à vapeur faisaient selon des études très sérieuses de la fin du XIXème siècle, tourner le lait des vaches dans les prés ou causer de fausses couches chez les femmes.

Devant cette nouvelle révolution industrielle, il faudra accompagner tous nos citoyens dans cette bifurcation sociétale. Et les territoires sont les mieux outillés pour apporter des réponses de proximité en relayant des dispositifs nationaux et en imaginant des réponses très locales. Le territoire de la Communauté Urbaine d’Arras a prévu dans son prochain mois du numérique, toute une semaine sur cette acculturation.

Il faudra aussi mettre en place avec une attention sur leurs sources des outils d’assistants virtuels ou chatbot qui devront dépasser le stade du gadget mais devenir des outils qui permettront d’avoir des réponses plus précises, d’en réduire les délais et donc d’accroître la satisfaction envers les services publics.

La seconde est nos agents de nos collectivités.

Il va falloir là aussi être présent dans un accompagnement au changement et surtout se regarder dans les yeux et se dire les choses.

Combien d’agents utilisent déjà et sans le dire les IA génératives dans leur travail quotidien ? 10, 20 50% ? Certainement bien plus qu’on ne le pense. Il faut définir des chartes de bonne utilisation et casser les tabous du non-dit.

Un agent des collectivités doit avoir la capacité d’utiliser ces outils pour automatiser des tâches routinières et se libérer du temps pour se concentrer sur des domaines plus complexes améliorant l’efficacité et la productivité.

Oui mais là encore, rédiger un prompt pour une IA générative, cela s’apprend. C’est un travail stratégique qu’il faut mener pour acculturer et cranter cette indispensable montée en compétences.

Il faut lever les tabous et les non-dits. Un(e) DG de pôle ne doit pas voir cet usage comme un manque de courage ou une volonté de facilité pour les agents. Il doit accompagner ces équipes dans un usage raisonné et efficace. Mais Il faut dans ce cas que chacun se saisisse de ces enjeux et lançant par exemple des phases d’expérimentation avec des retex partagés.

Enfin, les élus qui vont devoir apprendre à utiliser le couple indissociable, IA et Data.

Nous venons d’entrer dans une nouvelle ère du pilotage de nos politiques publiques. Les IA explosent car le nombre de données sont désormais hallucinant et en croissance exponentielle.

Ces données alimentent les IA en permettant des utilisations d’anticipation quasiment sans limite. Je vous renvoie à l’article de Lionel MONTILLAUD sur ce point.

Et se lève là, des enjeux essentiels sur les données qui sont le futur or noir de nos gestions publiques.

Ces données doivent rester propriété des collectivités qui doivent rapidement concevoir une culture de la donnée accessible à tous. Open Data France mène un travail de fond remarquable que je vous encourage à suivre.

La mise en place de cette culture de la donnée attirera par exemple une attention sur les futurs contrats de délégations diverses de services publics dont il faut absolument maitriser la propriété des données générées par les outils d’IOT mis en place.

Si l’IA est un véhicule de progrès, la donnée est son carburant, nouvelle ressource dont il va falloir contrôler tous les intrants pour rester souverain dans nos décisions.

Cette question des usages ne fera enfin pas l’économie de cadres éthiques qui devront protéger les habitants face au dérives possibles et garder une place de l’Humain dans ces enjeux de l’échelle européenne à celle de nos villages.

Mickael AUDEGOND, Maire de Wailly, Conseiller délégué Communauté Urbaine d’Arras à la digitalisation du territoire