« Je viens avec l’envie d’apprendre, de m’enrichir des initiatives portées par d’autres territoires, tout autant que celle de partager les expérimentations que nous menons à Sainte-Hélène »
« J’aime profondément cette ville de Sainte-Hélène, qui m’a vu grandir », c’est ainsi que Lionel MONTILLAUD, Maire de cette commune de 3000 habitants située en Gironde, résume son attachement de chaque instant à ce territoire. Élu depuis 2020, Lionel MONTILLAUD n’a de cesse de vouloir moderniser et concilier entre autres le développement urbain et la préservation de l’environnement. Rencontre.
Mission Ecoter : Monsieur le Maire, de nombreux territoires ruraux connaissent une perte d’habitants, en particulier de jeunes, ce qui entraîne un vieillissement de la population et une diminution de la main-d’œuvre. A cet effet, votre commune Sainte-Hélène située au cœur du Médoc et ses 3000 habitants allie parfaitement Ruralité et Innovation. Quelle est votre approche ?
Lionel MONTILLAUD : Sainte-Hélène, comme beaucoup de communes rurales, pourrait subir la double peine d’un éloignement progressif des services publics et d’une attractivité fragile pour les jeunes actifs.
Mais son emplacement géographique stratégique – entre la métropole bordelaise, le vignoble médocain, le bassin d’Arcachon et les plages de l’Atlantique – la place dans une dynamique démographique positive.
Cette croissance continue soulève toutefois d’autres défis majeurs : le maintien de services publics de proximité, la conciliation entre développement urbain et préservation de l’environnement, et surtout, la diversité de l’offre de logement, essentielle pour garantir une mixité sociale et générationnelle.
Historiquement, Sainte-Hélène s’est développée, comme beaucoup de territoires ruraux, autour du pavillon individuel. Ce modèle a structuré notre paysage et nos habitudes, mais il montre aujourd’hui ses limites : il fragilise l’équilibre écologique, consomme de d’espace, et peine à accueillir une diversité de profils, notamment les jeunes, les familles monoparentales, les saisonniers ou les seniors.
Le véritable enjeu, à mes yeux, est donc de diversifier l’offre de logements, notamment en élargissant le parc locatif, pour maintenir une dynamique démographique équilibrée. C’est le sens de notre engagement dans une zone d’aménagement concertée, portée à l’échelle communale, pour créer un quartier mixte, durable, connecté à nos services de proximité, en intégrant trame verte, mobilités douces et économie circulaire.
Mais l’innovation à Sainte-Hélène ne se limite pas à l’urbanisme. Depuis 2020, avec mon équipe, nous considérons notre ruralité comme un levier d’innovation sociale, écologique et économique.
Nous avons engagé un vaste programme de transition énergétique des bâtiments publics (école, mairie, plaine des sports), converti notre flotte communale vers des véhicules électriques, et misé sur le photovoltaïque.
Nous avons aussi créé un espace de santé intergénérationnel, développé un jardin partagé, une forêt pédagogique, des dispositifs d’éducation à la biodiversité, en lien avec les écoles et impulsé la transformation d’un ancien stade en parc urbain.
Cette dynamique repose sur une conviction : ce n’est ni une question de taille ni une question de budget, mais uniquement de volonté politique.
Nous n’hésitons pas à nous inspirer de démarches menées dans des villes médianes, voire des métropoles, pour les adapter à notre échelle, avec pragmatisme et audace.
Cela suppose aussi de construire une culture locale du changement, de faire de la proximité et de la concertation une force, et d’embarquer les habitants pour qu’ils deviennent, progressivement, des acteurs à part entière de la transformation de leur territoire.
Nous testons, nous itérons, nous créons des ponts entre collectivités et partenaires privés, nous réussissons souvent, nous échouons parfois… mais nous avançons toujours.
M.E. : Depuis près de 30 ans, les nouvelles technologies et l’Innovation dans les Territoires sont le « fer de lance » de Mission Ecoter, vous venez d’en être désigné Vice-Président. Comment entrevoyez-vous cette nouvelle responsabilité ?
L.M. : C’est à la fois un honneur et une responsabilité que de rejoindre la Mission Ecoter en tant que Vice-Président. J’y vois une opportunité précieuse de m’inscrire dans une dynamique utile, connectée aux réalités de terrain, et résolument tournée vers l’action.
Je viens avec l’envie d’apprendre, de m’enrichir des initiatives portées par d’autres territoires, tout autant que celle de partager les expérimentations que nous menons à Sainte-Hélène, dans le Médoc, en tant que commune rurale engagée dans la transition écologique, l’innovation sociale et le numérique de proximité.
Cette mission me tient d’autant plus à cœur qu’elle me permet de porter une double exigence :
D’une part, donner de la voix aux petites communes et aux territoires ruraux, qui innovent souvent dans l’ombre, avec peu de moyens mais beaucoup d’audace, de résilience et de créativité.
D’autre part, faire le lien entre les solutions technologiques disponibles et les besoins très concrets des collectivités, en insistant sur la simplicité d’usage, la sobriété, la mutualisation des ressources, et surtout la formation des équipes et l’accompagnement au changement.
Je suis convaincu que l’innovation ne vaut que si elle est accessible, compréhensible, bien outillée et surtout au service du bien commun.
Ce n’est pas une fin en soi : c’est un levier de justice sociale, d’adaptation climatique, de revitalisation des territoires. Elle doit être un facteur d’inclusion, de participation citoyenne, de lien entre générations.
Enfin, je mesure pleinement le rôle que doit jouer Ecoter pour fédérer, écouter, valoriser, impulser.
Dans cet esprit, je m’engagerai avec loyauté et énergie, pour faire de cette vice-présidence un espace de coopération active, au bénéfice des collectivités de toutes tailles, en particulier celles qui, comme la mienne, veulent prouver qu’on peut innover tout en étant fortement enraciné.