« Pendant très longtemps, les grandes conférences internationales n’ont laissé aucune place aux élus locaux »
Pendant la première quinzaine de juin, Nice a accueilli la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan.
Au-delà de l’événement en tant que tel, qui est un défi logistique et organisationnel toujours délicat à relever, cette troisième conférence des Nations unies sur l’Océan fera date.
Non seulement parce qu’elle a marqué une vraie accélération de la cause de l’Océan dans les discussions internationales, mais aussi parce qu’elle a vu naître une nouvelle force : une coalition d’élus locaux, d’îles et de territoires côtiers, enfin reconnus comme des acteurs de premier plan dans la lutte pour l’avenir de nos littoraux – la Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience, désormais sous l’égide de l’ONU et dont le secrétariat opérationnel s’installe à Nice.
Pendant très longtemps, les grandes conférences internationales n’ont laissé aucune place aux élus locaux : chaque État avait la responsabilité de faire ruisseler les décisions et les bonnes volontés vers le terrain.
À Nice, nous avons mis fin à cette anomalie : désormais, les maires, les gouverneurs, les responsables locaux du monde entier peuvent faire entendre leur voix et leurs préoccupations, parfois très éloignées des enjeux de la diplomatie des États.
Cette Coalition se veut utile aux responsables locaux. Elle vise essentiellement à offrir des outils, des moyens, des réponses aux enjeux du quotidien auxquels, nous les responsables du « dernier kilomètre » avons à faire face.
Les besoins sont immenses et l’adaptation de nos territoires ne peut pas attendre. C’est la raison pour laquelle notre Coalition a voulu, dès son premier Sommet, proposer des solutions très concrètes à l’ensemble de ses membres : accès élargi aux données satellitaires, partenariat avec le CNES « Space4Ocean », création d’une Université de la mer, accessible à tous les agents des collectivités membres, avec des formations en ligne et dans leur langue, et une première fenêtre de financement ouverte par le Global Centre for Climate Mobility de l’ONU pour soutenir les projets portés par des acteurs locaux. Au total, près de 50 millions d’euros pour répondre aux besoins du terrain.
N’hésitez pas à rejoindre le mouvement, ni à en parler à vos villes jumelles à travers le monde : cette Coalition s’adresse aux municipalités, comme aux Régions littorales. Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts.
Ce n’est qu’un début : cette Coalition se réunira désormais tous les ans, au moins de juin, avec l’ambition de devenir le troisième grand rendez-vous régulier du calendrier international : un sommet pour faire entendre cette voix singulière des territoires, après l’Assemblée générale des Nations unies consacrée aux États et le Forum de Davos où on retrouve les grandes fondations privées et les ONG.
À Nice, le multilatéralisme a montré qu’il avait encore des choses à dire, à condition de se réinventer et de s’adapter à l’époque. À l’ère des périls et des prédateurs, le chacun pour soi n’a aucun avenir : réussir, malgré le contexte, à donner une chance à l’Océan, à notre planète et à nous-mêmes est un premier pas, et pas des moindres.
Christian ESTROSI, Maire de Nice, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur et Président d’Honneur de la Mission Ecoter