Les domaines « écologie/numérique » sont à mon sens insuffisamment développés, même si je constate une évolution depuis ces dernières années.

En tant que Maire de Thèreval et fort de votre expérience notamment de Président honoraire de Mission Ecoter, comment la notion de “numérique responsable” peut-elle concrètement être mise en œuvre dans les petites et moyennes communes pour réduire l’empreinte environnementale tout en améliorant l’efficacité des services publics et la participation citoyenne ?

Gilles QUINQUENEL : La commune de Thèreval a souhaité s’impliquer dans le domaine du « numérique responsable » avec l’accompagnement de l’ANCT en 2023.

En tant que maire d’une commune de 2000 habitants, je ne comprenais pas que la réglementation séparait les communes rurales et les communes urbaines sur ce sujet.

Au même titre que la gestion de l’eau ou des déchets, chaque commune est concernée : les enjeux sont les mêmes ; en revanche, les réponses doivent être adaptées à chaque territoire.

Quelques actions concrètes ont été mises en œuvre sur la commune de Thèreval, et d’autres le seront prochainement :

– Sensibilisation des élus, agents municipaux, et : formation des agents, débats en conseil municipal, information dans la presse et dans le bulletin municipal, participation à certains colloques,
– Achat privilégié de matériels informatiques reconditionnés,
– Modification des paramétrages des photocopieurs de la mairie et des écoles,
– Arrêt automatique des box et éclairages, avec suivi automatisé des chauffages de bâtiments,
– Sensibilisation des 142 élèves de nos deux écoles à l’utilisation des écrans,
– Mise en place de capteurs dans les écoles, afin de mesurer la qualité de l’air.

Comme tout autre sujet, l’essentiel réside d’abord dans la sensibilisation des acteurs. Une prise de conscience de toutes les communes est nécessaire pour limiter l’impact du numérique sur l’environnement.

Votre expérience en tant qu’ancien Président de Saint-Lô Agglo vous donne une perspective unique sur la relation entre intercommunalité et communes. Comment les intercommunalités peuvent-elles le mieux accompagner et soutenir les communes, notamment les plus rurales, dans leurs projets de transition écologique et numérique, tout en respectant leur autonomie et leurs spécificités ?

Gilles QUINQUENEL : Les intercommunalités doivent avant tout être comprises comme un outil au service des communes : « faire mieux à plusieurs ».

Concernant les projets de transition écologique et numérique, il est évident que la taille communale est insuffisante pour mettre en œuvre une véritable stratégie en la matière.

Chaque intercommunalité devrait, en début de mandat, valider un schéma territorial « écologie/numérique » avec des objectifs quantifiés et des actions à mettre en œuvre (mobilité, énergie, gestion de l’eau, gestion des déchets, couverture numérique et usages, …).

Chaque commune, en fonction de sa taille, peut alors décliner divers projets de terrain :

– Végétalisation des cours d’écoles
– Gestion des eaux pluviales
– Numérique responsable
– Voies douces
– Suivi de consommation d’énergies
– Production d’énergies renouvelables

La commune de Thèreval agit sur chacun de ces domaines. A titre d’exemple, je citerai les cours d’écoles transformées, et l’infiltration des eaux pluviales dans chaque parcelle dans les règlements de lotissement. Un projet de voies douces sécurisées est en cours d’étude.

Les domaines « écologie/numérique » sont à mon sens insuffisamment développés, même si je constate une évolution depuis ces dernières années.

A quelques mois des élections 2026 une mobilisation des collectivités sur ces sujets est nécessaire, avec, par exemple, la nomination dans chaque intercommunalité d’un élu en charge du numérique et de l’écologie. Les communes de France pourraient s’engager dans un ambitieux programme de décarbonation.

Crédits photos : Commune de Thèreval – 2025