« Préservons les capacités d’agir de nos collectivités et recentrons l’action de l’État sur les compétences régaliennes (sécurité et défense nationale, éducation, santé, justice…) »

La voie de la rigueur budgétaire est un refrain que nous, maires de France, entendons depuis trop longtemps. Sous couvert d’une nécessaire maîtrise des finances publiques, l’État a opéré une baisse drastique et continue de ses dotations aux collectivités locales. Si l’objectif affiché est louable, les conséquences sur le terrain sont, elles, désastreuses.

Dans certaines communes de notre pays, cette politique place les élus face à un dilemme insoutenable. Faut-il augmenter les impôts locaux, pesant ainsi sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens déjà mis à rude épreuve ? Faut-il réduire nos services publics, affaiblissant l’offre de proximité qui fait la richesse de nos territoires ? Faut-il renoncer à nos projets d’investissement, sacrifiant l’avenir et le dynamisme de nos villes ?

Cette austérité imposée de l’extérieur est un coup porté à la démocratie locale. Elle nous ôte progressivement les moyens d’agir pour nos habitants. Comment pouvons-nous continuer à garantir des écoles de qualité, à entretenir nos infrastructures sportives et culturelles, à soutenir nos associations, à aménager nos espaces publics, quand nos dynamiques de recettes se réduisent comme peau de chagrin ? Nos communes ne sont pas responsables de la situation financière du pays.

Certains diront que les communes doivent faire preuve de créativité et trouver de nouvelles sources de financement. C’est ce que nous faisons chaque jour, en optimisant nos dépenses, en recherchant des subventions, en développant des partenariats. Mais ces efforts ne peuvent compenser les prélèvements réguliers sur nos recettes, orchestrés par l’État.

Le rôle d’un maire n’est pas de gérer la pénurie, mais de construire l’avenir. Nos concitoyens nous ont élus pour que nous transformions leur quotidien, pour que nous améliorions leur cadre de vie. Or, la baisse des dotations risque de faire de nous, à terme, de simples exécutants d’une politique de coupes budgétaires.

Il est temps que l’État prenne conscience des effets pervers de cette politique. En affaiblissant les collectivités locales, il affaiblit la France tout entière. Nos communes sont le premier maillon de la chaîne républicaine, le lieu où le service public est le plus tangible et le plus humain. Elles sont le cœur battant de la vitalité démocratique de notre pays.

Nous lançons un appel solennel au gouvernement : ne sacrifiez pas nos territoires sur l’autel de la rigueur comptable. Redonnez aux maires les moyens de leurs missions. Redonnez de l’oxygène à nos communes, pour qu’elles puissent continuer à être des lieux de vie, de solidarité et de projets. Les communes font la France et maintiennent la cohésion nationale !

Bertrand RINGOT, Maire de Gravelines, Président délégué de Mission Ecoter, 1er Vice-président des Maires du Nord