La Chronique de Quentin MEULLEMIESTRE – Directeur Général des Services Adjoint

 

Les principaux enjeux des Territoires à l’aube du Salon des Maires et des Collectivités Locales 2025

À la veille du Salon des Maires et des Collectivités Locales (SMCL) 2025, l’actualité des élus locaux est marquée par une confluence de défis majeurs — contraintes budgétaires, urgence de la transition écologique, et un impératif de renouvellement démocratique et d’attractivité des fonctions électives — le tout dans la perspective des élections municipales de 2026.

Le contexte financier demeure la principale préoccupation des collectivités. Malgré une reconnaissance du rôle essentiel des investissements locaux pour l’avenir, les marges de manœuvre sont très réduites :

Loi de Finances 2025 : L’effort budgétaire demandé aux collectivités, bien que potentiellement ajusté, reste conséquent. Les collectivités doivent composer avec un cadre plus restreint, nécessitant une maîtrise budgétaire rigoureuse tout en maintenant la capacité d’investissement.

Recettes Locales : La perspective d’une revalorisation mécanique des bases fiscales (autour de +1,7%) et les ajustements potentiels sur les Droits de Mutation à Titre Onéreux (DMTO) ou le Versement Mobilité pour certaines régions et intercommunalités, offrent des leviers, mais ceux-ci ne suffisent pas à compenser les hausses des coûts et les baisses de certaines dotations ou financements sectoriels (politique de la ville, Agences de l’Eau).

Impératif d’Investissement : Malgré les contraintes, les élus sont face à un “mur des investissements” pour répondre aux besoins de la transition écologique (rénovation énergétique, gestion de l’eau, adaptation au climat) et de l’aménagement du territoire (logement, mobilité). L’enjeu est de trouver des solutions de financement innovantes pour investir pour l’avenir.

Par ailleurs, la transition écologique est passée d’un sujet d’intérêt à une obligation d’action immédiate, exacerbée par les risques climatiques et énergétiques.

Sobriété et Performance Énergétique : Le Décret Tertiaire impose aux collectivités une réduction drastique de leur consommation énergétique (-40 % d’ici 2030). La rénovation du parc immobilier communal et la gestion des équipements énergivores (comme les piscines publiques) sont des chantiers prioritaires.

Aménagement du Territoire et ZAN : L’objectif du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) en 2050 contraint fortement les politiques d’urbanisme et d’aménagement, forçant à privilégier la densification et la reconquête urbaine plutôt que l’étalement.

Ressource en Eau : La raréfaction de la ressource en eau rend inévitable une forte augmentation du prix de l’eau pour

financer les investissements nécessaires (infrastructures, réutilisation des eaux usées – REUT, gestion des eaux pluviales). La pédagogie auprès des citoyens est essentielle pour rendre ces hausses acceptables..

À l’approche des municipales de 2026, l’attractivité des mandats et le lien avec les citoyens sont des sujets cruciaux.

Statut de l’Élu et Pénibilité : Les maires continuent de réclamer l’adoption rapide d’un “véritable” statut de l’élu pour améliorer les conditions d’exercice (rémunération, protection, formation). Une enquête récente a souligné l’impact sensible de la charge mentale, du stress, et de la complexité sur la santé des maires, sans compter le climat de tensions sociales et les agressions (verbales, en ligne) qui créent un sentiment d’insécurité juridique et personnelle.

Attentes Citoyennes : Les électeurs placent en tête de leurs priorités la sécurité et la tranquillité publique (attente pour 43% des citoyens), suivies de la préservation de l’environnement et du maintien des services de proximité. Les citoyens attendent un maire présent sur le terrain, efficace, accessible et irréprochable dans l’utilisation des deniers publics.

Réforme du Scrutin : La loi de mai 2025 harmonisant le mode de scrutin et généralisant le scrutin de liste paritaire dans les communes de moins de 1 000 habitants vise à renforcer la vitalité démocratique et la parité, modifiant le paysage électoral pour les prochaines échéances.

Enfin, l’action publique locale repose sur des agents dont le recrutement et le bien-être sont en tension.

Attractivité de la FPT : Les collectivités font face à des difficultés croissantes de recrutement (turn-over persistant, baisse des créations de postes). L’obligation de participer au financement de la protection sociale complémentaire des agents à partir de janvier 2025 ajoute une charge financière significative.

Ressources Humaines : Les efforts portent sur l’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT), la sécurisation juridique des décisions (avec un recours accru à l’expertise d’avocats et de juristes), et la formation des élus pour une meilleure coopération avec les équipes.

En conclusion, le Salon des Maires 2025 sera un moment charnière pour les élus. Entre le poids des contraintes budgétaires, l’accélération forcée par les enjeux climatiques (eau, énergie, ZAN) et la nécessité de revitaliser l’engagement local face à la lassitude, les collectivités devront y chercher des solutions concrètes et des partenariats pour garantir un service public de proximité audacieux, inclusif et durable.