« La proximité du projet avec la rocade de Saint-Omer et l’autoroute A26 ont conduit la CAPSO à envisager tout naturellement la création d’une aire de co-voiturage d’une quarantaine de places (avec bornes de recharge électrique et abri vélos), en complément des aires de co-voiturages existantes à proximité et saturées. »

Laurent DENIS, en votre qualité de Président de la Communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO), et compte tenu de son objectif de renforcer l’économie locale tout en s’inscrivant dans la transition écologique, comment la collectivité compte-t-elle concrètement adapter ses zones d’activités existantes pour répondre aux défis du développement durable (efficacité énergétique des bâtiments, gestion des eaux pluviales, mobilités douces, etc.) ?

Laurent DENIS : Depuis plusieurs années maintenant, la CAPSO a fait évoluer son approche dans l’aménagement des parcs d’activités économiques afin de répondre aux défis de la transition écologique. Pour illustrer mon propos, nous portons actuellement l’extension d’un parc d’activités sur Saint-Martin-les-Tatinghem (environ 20 ha) avec une approche globale et intégrée où les thématiques de la mobilité, de la gestion des eaux pluviales ou des énergies renouvelables ont, par exemple, été particulièrement travaillées.

Concernant la mobilité, les réflexions ont consisté à soigner la connexion entre le parc d’activités et le pôle urbain de la collectivité, tous modes confondus, avec une préoccupation particulière pour les déplacements cyclables, les transports en commun et le co-voiturage. L’aménagement prévoit une différenciation sécurisée des flux, avec la création d’une voie cyclable au sein du parc d’activités, prolongée en dehors du parc pour se connecter de manière sécurisée au réseau cyclable communal et intercommunal. Dès la conception également, un arrêt de transport en commun a été inscrit avec la direction de la Mobilité, pour être intégré au réseau urbain Mouvéo dès la finalisation des travaux d’aménagement. La proximité du projet avec la rocade de Saint-Omer et l’autoroute A26 ont conduit la CAPSO à envisager tout naturellement la création d’une aire de co-voiturage d’une quarantaine de places (avec bornes de recharge électrique et abri vélos), en complément des aires de co-voiturages existantes à proximité et saturées. Le parc d’activités a ainsi été conçu comme un véritable projet multimodal connecté au cœur urbain de l’agglomération.

En matière de gestion des eaux pluviales, la collectivité a souhaité infiltrer au maximum les eaux pluviales. Des études poussées et une grande concertation avec les partenaires du projet ont permis de trouver un compromis entre les contraintes liées à la proximité du champ captant de Salperwick, et la faible perméabilité des sols. La collectivité a ainsi par exemple retenu le principe d’infiltration des eaux de toiture et de parking véhicules légers à la parcelle. Les eaux de ruissellement en domaine public transiteront par des noues d’infiltration plantés de végétaux ayant des propriétés épuratrices avant d’acheminer vers un bassin de tamponnement. Des ouvrages de rétention enterrés seront également installés le long des voiries du projet. Ainsi par exemple, au stade de l’avant-projet, le bassin présentait un volume de stockage de 4 300 m3, ramené à 550 m3 après optimisation de la gestion hydraulique.

Concernant les énergies renouvelables, la zone est intégrée à une démarche de production d’énergie photovoltaïque en autoconsommation collective (ACC). Les entreprises qui s’implantent sont incitées, au travers le cahier des charges de cession, à installer des panneaux photovoltaïques pour leurs propres besoins en énergie, le surplus étant redistribué ensuite aux entreprises de la zone.

Dans le cadre du transfert de la compétence “eau potable” et “assainissement non collectif”, et face aux enjeux de qualité de l’eau et de préservation de la ressource, quelles sont les solutions techniques et les investissements majeurs prévus par la CAPSO pour moderniser le réseau et optimiser la performance des stations d’épuration, notamment celles situées dans les zones les plus vulnérables du territoire ?

Laurent DENIS : Comme toutes les collectivités, la CAPSO doit faire face à des enjeux qui touchent à la fois la quantité et la qualité de la ressource en eau, ces enjeux étant amplifiés par les effets du changement climatique.

La prise de conscience sur ces enjeux remonte à de nombreuses années, puisque dès 2007, l’agglomération s’était engagée dans un diagnostic territorial multi-pressions (DTMP) pour la préservation de son champ captant du nord de l’agglomération. Ce travail de préservation de la ressource se poursuit encore aujourd’hui au travers d’une démarche collaborative entre collectivités, services de l’État, acteurs économiques, associations et riverains, permettant de partager diagnostics, enjeux, objectifs et d’élaborer collectivement les actions à mettre en œuvre. L’objectif est de construire, au travers d’ateliers participatifs ou de groupes de travail thématiques, un projet territorial commun et partagé, adapté aux spécificités locales, notamment en identifiant les zones vulnérables, les sources potentielles de pollution, et en définissant des priorités pour renforcer la qualité de l’eau.

L’amélioration de la qualité d’eau a également été un enjeu fort de notre schéma directeur d’assainissement qui a été lancé en 2018. Concrètement, cela va se traduire par un projet de construction d’une nouvelle station d’épuration d’une capacité de 120 000 EH, en remplacement des stations d’épuration de Saint-Omer, Arques et Clairmarais, qui commencent à montrer des signes de vétusté. Il s’agit d’un projet ambitieux d’un montant d’environ 70 millions d’euros, qui permettra non seulement de viser une qualité de traitement fortement optimisé notamment sur les paramètres azote et phosphore, mais aussi de disposer d’un outil de traitement qui pourra s’adapter aux évolutions réglementaires et notamment celles liées aux micropolluants. Le projet intégrera également une méthanisation des boues, une méthode innovante pour valoriser les déchets et optimiser le fonctionnement de la station. A ce jour, l’étude de maîtrise d’œuvre est en cours, avec un calendrier prévisionnel de mise en service des nouveaux ouvrages en 2030.

Un autre axe de travail important concerne la lutte contre le déversement des eaux usées au milieu naturel lors d’épisodes pluvieux, avec le déraccordement des eaux pluviales des réseaux d’eaux usées, notamment en identifiant les zones imperméabilisées raccordées au réseau unitaire et en cherchant des solutions pour infiltrer ou évacuer séparativement ces eaux.

Enfin pour assurer une sécurité quantitative de la distribution d’eau potable, la CAPSO a terminé un important chantier d’interconnexion entre les forages nord et sud de l’agglomération urbaine, avec la pose au total d’environ 15 km de canalisations et la création d’un nouveau réservoir de 4 000 m3 permettant de garantir une autonomie de stockage équivalente à une journée de consommation. Il s’agit d’un projet réalisé en plusieurs phases, pour un montant global de 15 millions d’euros, et dont la phase principale a été mise en service fin 2024