« Dès le départ, nous avons affirmé une priorité : faire en sorte que les retombées de Bourges 2028 bénéficient à tous. »

Madame la Présidente, avec la désignation de Bourges comme Capitale Européenne de la Culture 2028, comment Bourges Plus compte-t-elle capitaliser sur cet événement majeur pour dynamiser l’ensemble des 17 communes de l’agglomération, au-delà de la ville-centre, en termes de retombées économiques, touristiques et culturelles durables ?

Irène FELIX : Cette désignation est une chance historique. Elle ne concerne pas uniquement la ville de Bourges, elle engage l’ensemble de notre agglomération, dans toute sa diversité. Bourges 2028 n’aura de sens que si les 17 communes de Bourges Plus en tirent des retombées concrètes ; économiques, touristiques, culturelles certes, mais aussi en termes de qualité de vie. Notre objectif est clair : faire de cet événement un levier de développement partagé, durable, équitable. Il ne s’agit pas d’opposer ville-centre et communes périphériques, mais de construire un projet collectif où chaque territoire trouve sa place et sa voix.

D’abord, par la participation active des communes dans la construction du programme culturel. Dès le départ, nous avons souhaité que les habitants, les associations, les acteurs locaux puissent proposer leurs projets dans le cadre des CRI — les Contributions pour Réinventer les Imaginaires. C’est un processus participatif inédit à cette échelle, qui permettra aux communes de Bourges Plus d’accueillir des événements, des résidences artistiques, des spectacles, et de devenir elles aussi des scènes culturelles. Ensuite, nous travaillons à une mise en valeur globale de notre territoire. Beaucoup de visiteurs viendront pour les grands événements à Bourges, mais nous voulons leur donner envie d’explorer plus loin : découvrir notre patrimoine rural, nos marais, nos artisans, nos chemins de randonnée, nos petites églises, nos festivals de village. Il s’agit de créer des circuits touristiques intercommunaux qui valorisent chaque commune.

L’impact sera réel, à condition d’être bien préparé. Nous accompagnons déjà les communes dans l’accueil de visiteurs : développement de l’offre d’hébergement, soutien aux commerces de proximité, amélioration de la signalétique et des transports. Le pôle d’échanges multimodal en préparation aux abords de la gare de Bourges permettra de connecter plus efficacement l’agglomération, tout comme le renforcement des mobilités douces. C’est essentiel pour que les flux de visiteurs ne se concentrent pas uniquement en centre-ville. Au-delà du tourisme, nous misons aussi sur les industries culturelles et créatives, qui peuvent irriguer tout le territoire. Cela signifie soutenir les artistes, les artisans, les entreprises culturelles qui s’installent ou se développent dans nos communes. Bourges 2028 doit être un tremplin économique pour tout le bassin de vie.

Dès le départ, nous avons affirmé une priorité : faire en sorte que les retombées de Bourges 2028 bénéficient à tous. Ce n’est pas un slogan, c’est une méthode. Nous défendons une agglomération solidaire, qui refuse les fractures territoriales. Cela passe par des projets concrets dans les communes, par des choix équilibrés dans les investissements, par un suivi attentif de l’impact de nos actions.

Au-delà de 2028, c’est l’après qui compte. L’événement doit être une dynamique, laisser des traces durables. Nous voulons que cela renforce le tissu associatif, la vie culturelle locale, l’économie résidentielle, les services. Bref, que cela améliore le quotidien des habitants, qu’ils vivent à Bourges ou à Marmagne, à Trouy ou à La Chapelle-Saint-Ursin. L’année 2028 sera le point culminant, mais la transformation commence maintenant, et elle doit se poursuivre longtemps après.

Face aux enjeux de transition écologique et de maîtrise des coûts, notamment en matière de gestion des déchets et d’énergie, quelles sont les actions prioritaires de Bourges Plus pour encourager la sobriété des usages et développer les énergies renouvelables sur le territoire, tout en garantissant un service public de qualité et financièrement accessible aux habitants ?

Irène FELIX : Bourges Plus a mis en place, depuis janvier 2025, une collecte des déchets alimentaires pour tous les habitants ne disposant pas d’un jardin, et a mis à disposition des autres des composteurs domestiques – 6000 ont été distribués –, avec une répartition sensiblement équivalente entre ces deux propositions. Des sessions de sensibilisation au compostage ont également été organisées, pour accompagner les usagers dans la mise en place de ce nouveau geste de prévention des déchets. En parallèle, la fréquence de collecte pour les ordures ménagères résiduelles (OMR) et les emballages a été réduite, avec un passage toutes les deux semaines. Ainsi, l’augmentation des coûts a été limité pour la collectivité et donc pour les habitants, qui n’ont pas à subir de répercussions sur la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Cette baisse de fréquence constitue aussi une incitation à gérer séparément ses déchets alimentaires afin qu’il reste le moins de déchets possible dans le bac vert. En 2025, les quantités collectées de déchets alimentaires devraient être d’un peu moins de 1000 tonnes et la baisse des quantités d’OMR de 2000 tonnes.

En parallèle, Bourges Plus cherche à maîtriser les outils de gestion des déchets pour ne pas dépendre de prestataires qui, lorsqu’ils sont en situation de monopole, peuvent pratiquer des prix excessifs. Un centre de tri mutualisé entre toutes les collectivités du Cher, de la Nièvre, et deux de l’Indre, soit représentant quelque 500 000 habitants, a été construit et est exploité par une société publique locale (SPL) qui les regroupent. Un quai de transfert pour accueillir les OMR va être construit par Bourges Plus. En effet, en 2020, lors du dernier marché, le coût à la tonne avait augmenté de 50% pour cette prestation en l’absence de concurrence. Une nouvelle consultation a été réalisée cette année, suite à laquelle un nouveau prestataire s’est positionné permettant de revenir aux tarifs d’avant 2020.

Bourges Plus est également en train d’acquérir une plateforme de compostage pour la moderniser afin de pouvoir y composter à la fois les déchets alimentaires, les boues de station d’épuration et les déchets verts. L’agglomération cherche, avec les autres collectivités du Cher, à trouver des solutions pérennes à l’incinération des OMR en travaillant à la construction de partenariats avec les collectivités les plus proches disposant ou prévoyant de construire des unités de valorisation énergétique (UVE). Nous allons aussi réviser notre programme local de prévention des déchets (PLPD), avec l’ambition de développer les partenariats avec les autres acteurs du territoire (chambres consulaires, associations environnementales, …) pour toucher plus de publics en matière de sobriété.

En matière de sobriété justement, l’intercommunalité vient d’être retenue dans un appel à projets de l’Ademe pour une expérimentation relative au développement de la sobriété dans ses différentes politiques publiques.

Les énergies renouvelables comme priorité. Bourges Plus porte plusieurs projets de production d’énergie renouvelable avec un objectif de maximiser les retombées financières sur le territoire et de développer l’autoconsommation pour diminuer sa dépendance au prix fluctuant de l’énergie. Pour les habitants, elle a mis à disposition un cadastre solaire afin de les accompagner également vers l’autoconsommation.