Rencontre avec Stéphane TROUSSEL

Président du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis

Monsieur le Président, la Seine-Saint-Denis est un territoire jeune et dynamique, mais qui fait face à des défis importants en matière d’emploi et de développement économique. Quelles sont les initiatives phares que le Conseil départemental met en œuvre ou compte renforcer pour attirer de nouvelles entreprises, soutenir l’innovation locale, et favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et des personnes éloignées de l’emploi sur le territoire ?

Le Département n’a pas de compétence directe en matière de développement économique. Toutefois, il a choisi d’agir en fédérateur en créant sa marque territoriale IN Seine-Saint-Denis, destinée à rassembler les acteurs du territoire et à constituer un réseau d’ambassadeurs capable de générer alliances, synergies et initiatives valorisant la Seine-Saint-Denis.

Par ailleurs, la recentralisation du financement du RSA permet désormais au Département d’exercer pleinement sa compétence en matière d’insertion au service des habitantes et des habitants. Les crédits ainsi libérés ont rendu possible le lancement d’une véritable Nouvelle donne de l’insertion, fondée sur la conviction qu’avec des moyens adaptés, il est possible d’agir plus fort et plus efficacement. Objectif atteint : le Département a doublé ses crédits dédiés à l’insertion, ainsi que le nombre de conseillers déployés sur le terrain, et a même dépassé l’objectif de doubler le nombre de places en dispositifs d’accompagnement.

Cette nouvelle dynamique s’incarne notamment dans la création de 22 agences locales d’insertion couvrant l’ensemble du territoire. Elles offrent aux allocataires du RSA un accompagnement humain, renforcé et sur-mesure. À cela s’ajoutent de nombreuses mesures complémentaires : ouverture de places dans des programmes d’accompagnement social et psycho-social, développement de plateformes linguistiques pour apprendre le français, et distribution et formations aux outils numériques car nous sommes convaincus que la levée des freins sociaux, économiques, culturels et linguistiques constitue le premier levier d’insertion durable.

Cette stratégie s’accompagne d’un engagement fort en faveur d’un développement territorial inclusif, intégrant systématiquement les enjeux d’insertion dans les partenariats territoriaux et dans la commande publique. Le Département réserve ainsi 1,7 millions d’euros à l’insertion dans ses marchés publics, et entend prolonger les dynamiques positives issues des Jeux, qui ont permis la réalisation de 2,5 millions d’heures d’insertion au bénéfice de plus de 4 000 habitants grâce à la charte sociale des Jeux et aux clauses d’insertion.

Enfin, le Département a fait de l’économie sociale et solidaire (ESS) un partenaire privilégié de l’ensemble de ses politiques publiques (insertion, transition écologique, sport, culture, autonomie, etc.). En 2024, une feuille de route ambitieuse est venue structurer et renforcer cet engagement, afin de développer les filières d’avenir avec l’ESS pour faire face à l’urgence écologique, économique et sociale. Le futur pôle économique d’innovation sociale et environnementale qui verra le jour à Bondy incarnera pleinement cette volonté de soutenir le développement de l’ESS sur le territoire.

Monsieur le Président, la Seine-Saint-Denis est souvent saluée pour sa diversité et sa richesse humaine, mais elle est aussi confrontée à des enjeux de cohésion sociale, d’égalité des chances et de lutte contre les inégalités. Comment le Conseil départemental renforce-t-il ses actions en matière de solidarité, d’aide sociale à l’enfance, d’amélioration des conditions d’éducation dans les collèges et de soutien aux associations locales, afin de garantir à tous les habitants du département un accès égal aux droits et aux services essentiels, et de renforcer le vivre-ensemble ?

Grâce aux sites d’accueil du public implantés au cœur des quartiers d’habitation et une politique assumée « d’aller-vers », les agentes et les agents du Département se mobilisent au quotidien pour accompagner les familles, les femmes enceintes, les personnes vulnérables afin de garantir un accès aux droits et services essentiels.

À travers son plan de rénovation des collèges, la création de cours Oasis, de jardins autour des crèches, la Seine-Saint-Denis investit pour garantir de bonnes conditions de développement et d’apprentissage pour celles et ceux qui y grandissent. Le Plan éco-collège d’un milliard d’euros permet de rénover et de construire nos collèges publics ainsi que d’améliorer les conditions d’apprentissage et d’enseignement dans les collèges publics de Seine-Saint-Denis. Au-delà de ses compétences obligatoires, le Département propose un projet éducatif départemental pour permettre aux collégiennes et collégiens de partir en voyage scolaire, de vivre un projet artistique, ou d’apprendre la construction de l’information et ainsi à y déceler les fakes news.

Le réseau de PMI (Protection Maternelle et Infantile) de Seine-Saint-Denis est un des maillons essentiels de cette politique, avec des professionnels qui innovent et s’adaptent aux réalités du terrain comme aux enjeux de notre époque, avec notamment les Cabanes des 1000 Premiers Jours ou par exemple, la création du jeu « parents veille » sensibilise aux dangers de l’exposition précoce aux écrans en proposant des alternatives aux parents et la mise en place d’ateliers langages en lien avec des associations permet d’accompagner les familles qui ne trouvent pas de professionnels pour assurer un suivi, tout en créant du lien entre les familles et en favorisant l’entraide. Le département met aussi en place plusieurs dispositifs pour accompagner les jeunes dont il a la charge à travers ses compétences d’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) afin que chacune et chacun puisse avoir accès à l’éducation, aux droits, à la santé.

Avoir accès aux services essentiels, c’est également favoriser l’accès à la culture, au sport et aux loisirs, c’est rénover nos infrastructures sportives et en créer de nouvelles, c’est laisser toute sa place à l’art dans les salles de spectacle mais aussi hors-les-murs, à l’image de « Multitude », la biennale du Département, qui met en lumière toute la richesse et la diversité des cultures qui composent notre territoire. Ouverts à toutes et à tous, gratuits, joyeux : ces moments sont indispensables pour faire vivre et animer l’esprit collectif qui caractérise notre territoire.

Renforcer le vivre-ensemble passe aussi par une meilleure écoute des habitantes et des habitants qui n’hésitent pas à prendre la tribune quand on leur laisse l’espace, non seulement pour dire les problèmes mais aussi pour proposer des solutions. C’était tout le sens des Concertations Jeunesses lancées par le Département de la Seine-Saint-Denis et qui ont permis aux jeunes d’évoquer des problématiques qui les concernent : l’accès à un logement digne, la santé mentale, la précarité, l’accès aux droits, et bientôt de l’Assemblée des 100 voix qui reflétera la composition de notre territoire et qui rendra des avis, formulera des recommandations et contribuera à évaluer nos politiques et à les enrichir, le tout dans une approche intergénérationnelle et en tenant compte des enjeux écologiques.

Enfin, favoriser la cohésion sociale c’est également lutter contre les discriminations et pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Le Département s’engage ainsi à travers son observatoire départemental des violences faites aux femmes et son observatoire départemental de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, pour sensibiliser le grand public, former les professionnel.le.s et accompagner les victimes.